Vendues dans toutes les grandes villes, ces figurines de vinyle peuvent atteindre des prix astronomiques. Que nous disent-elles, et où peut-on les acheter? Voyage au pays des «designer toys».
Elles ressemblent à des aliens ou à des mickeys sous acide et répondent aux doux noms de Quee, Dunny, Trexy ou King Ken. Ces figurines de vinyle sont destinées à un public adulte.
Produites pour la plupart en Asie en séries très limitées (500 à 1000 exemplaires), elles sont devenues en un rien de temps des objets de culte.
Les pièces les plus rares sont vendues jusqu’à plusieurs dizaines de milliers de dollars. Comment sont-elles arrivées sur notre planète?
Tout commence à la fin des années 1990. Un artiste hongkongais, Michael Lau, s’amuse à transformer des figurines de GI Joe en B-boys et en skateurs. Presque sans le faire exprès, il lance un nouveau phénomène, celui des figurines urbaines.
Très rapidement, le Japon, l’Amérique du Nord et l’Australie s’engouffrent dans la brèche. L’Europe aura quant à elle besoin de quelques années supplémentaires pour adopter ces objets d’un nouveau genre.
Si une ou deux boutiques dans le vent en Angleterre et en France, comme Colette, proposent déjà quelques jouets de design en 1998, il faut attendre 2004 pour voir la tendance s’imposer en Europe.
En France notamment, la naissance de Artoyz, premier distributeur national, à la fin 2003, va largement contribuer à la diffusion de ces objouets dans l’Hexagone et au-delà.
Grâce à un savant sens du marketing viral, la société alors composée d’une seule personne va faire connaître ses produits à travers blogs et forums. Presque instantanément, un petit milieu très actif d’aficionados se constitue.
Artoyz et Colette coorganisent l’expo «Toyz World» au printemps 2004. L’ampleur du succès dépasse toutes les attentes. Un public très varié se presse pour voir ce que l’on nomme déjà une nouvelle culture. Les médias sont évidemment de la partie.
«Le jouet donne la possibilité à de nombreux créateurs de transposer leur univers et leurs personnages 2D en trois dimensions. Le toy doit donc être considéré comme un nouveau support artistique», commente Lionel Fradet de Artoyz.
Autant dire qu’on évolue à des années-lumière des Action Man, Bioman et autres figurines de Star Wars produites en millions d’exemplaires. «Ces produits dérivés, à l’espérance de vie très limitée, n’appartiennent pas au mouvement «designer toys», qui lui transcende les modes et s’annonce durable», commente Lionel Fradet.
Mais qui donc s’intéresse à ces toys qui n’ont de jouet que le nom?
Le phénomène captive avant tout les «adulescents», cette fraction de la population née dans les années 70-80, dont on dit qu’elle mélange sans gêne attitudes d’ado et comportements d’adulte.
« Plus particulièrement les membres des scènes skate, graf, et hip-hop qui vont s’intéresser aux modèles rares des grands designers. Après, on retrouve monsieur tout-le-monde qui pourra craquer pour une pièce en particulier, résume Guillaume Salmon, porte-parole de la boutique Colette. Il n’y a rien de régressif à vouloir posséder des jouets de design, puisqu’il s’agit d’objets artistiques.»
La figurine urbaine s’impose comme l’objet contemporain par excellence: elle trouve son équilibre entre art et commerce, adolescence et âge adulte, jouet et on-ne-joue-pas-avec.
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Pour achat en ligne:
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Pour achat en Suisse romande:
242 Shop
5, rue Côtes-de-Montbenon
1003 Lausanne
Doodah
10, rue Haldimand
1003 Lausanne
Antishop
7, rue du Jura
1201 Genève
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La bible:
«Vinyl will kill», Systems Design Limited, Hong Kong, octobre 2004.