KAPITAL

Scott, discrètement devenu suisse

D’origine américain, le groupe conçoit désormais ses vélos à Givisiez (FR). Un siège qui n’a cessé de gagner en importance.

«Avant, on s’appelait Scott USA mais, il y a trois ans, nous avons supprimé USA de notre nom. Même si l’origine et l’esprit de la marque restent américains, nous sommes aujourd’hui un acteur global.» Global et suisse, pourrait ajouter Reto Aeschbacher, le directeur marketing de Scott, car c’est à Givisiez, dans le canton de Fribourg, que tout se passe désormais. C’est là que s’est installé le siège européen de la marque en 1978. Un siège qui n’a cessé de gagner en importance.

Aujourd’hui, le développement, le marketing, la vente et la logistique de Scott s’organisent depuis la Suisse: sur 350 employés autour du monde, environ la moitié travaille à Givisiez. «Nos vélos sont construits et assemblés en Asie, et stockés en Belgique pour couvrir le marché européen, mais c’est en Suisse que designers et ingénieurs les conçoivent», détaille Reto Aeschbacher.

Scott fabrique 270’000 vélos par an et s’est imposé comme un leader du secteur en Europe. «Nous sommes très forts en Allemagne et en Suède, et numéro un en Suisse avec 25’000 vélos par an. Preuve que nous sommes devenus européens: nous n’avons attaqué que l’an dernier le marché américain.»

Outre les vélos de route et de montagne, qui représentent un peu plus de la moitié du chiffre d’affaires, l’entreprise se spécialise dans les sports d’hiver. Historiquement, c’est là qu’elle a d’ailleurs commencé: avant que Scott n’invente le bâton en aluminium en 1958, les skieurs utilisaient des bambous. Aujourd’hui, Scott fabrique aussi des lattes pour le free ride, ainsi que des accessoires (lunettes).

«En matière de ski, nous restons dans la niche haut de gamme du free style car il y a trop de marques généralistes. Mais nous produisons un million de masques par an, aussi bien pour le ski que pour la moto.» Ces masques-lunettes sont produits en Autriche et les bâtons en Italie. Des vêtements de sport (vestes, pantalons, t-shirts), fabriqués au Portugal, viennent compléter la panoplie.

Avec un chiffre d’affaires de 270 millions de francs suisses par an, Scott voit l’avenir avec sérénité, d’autant que la croissance annuelle du groupe dépasse allégrement les 10%. Pour doper sa notoriété, Scott mise essentiellement sur le bouche-à-oreille entre sportifs, autrement dit la réputation de ses produits. «Nous n’avons pas les moyens publicitaires d’un Nike…», résume le directeur marketing.

Scott a développé une technologie brevetée pour assembler et construire ses vélos en carbone. «Suffisamment gros pour être solides, mais pas trop pour rester légers. Le secret est dans ce dosage.» Précis, comme l’horloger.