CULTURE

Le shopping privé de Sylvie Fleury

Célèbre pour son pop’art version lipstick, l’artiste met volontiers en scène l’univers de la consommation. Mais où aime-t-elle dépenser son argent? Nous lui avons posé la question.

Sylvie Fleury, l’une des plasticiennes suisses les plus célèbres, donne naissance à ses œuvres dans une demeure genevoise que l’on appelle curieusement la Villa Magica. La bâtisse aux toits pointus appartenait jadis au Professeur Magicus, puis à sa fille Magiquette.

Sylvie Fleury y puise peut-être l’énergie laissée par les nombreux magiciens du début du siècle passé qui l’ont visitée. Elle vit entourée de lampes de sel aux vertus purifiantes, de boules de cristal et de sa collection d’araignées. Elle affectionne aussi particulièrement la photographie d’aura qu’elle capture au fil de ses rencontres. Notamment l’aura des objets, comme celle des chaussures du Dalaï Lama.

Née à Genève, la plasticienne met en scène à sa manière l’univers de la consommation, que ce soit les vêtements, les voitures ou la cosmétique. Sylvie Fleury s’est rendue célèbre à la fin des années quatre-vingt en exposant ses sculptures de shopping-bags.

Dépassant le ready-made puisqu’elle ne déballait même pas l’objet, elle utilisait les emballages des produits de luxe pour parler de la superficialité de notre société. Son néo pop’art version lipstick, ou arte ricca, parle aujourd’hui à un large public.

Après avoir ouvert la galerie c/o à Genève avec Mac Tarruc et Michel Rochat dans les années 80, Sylvie Fleury a travaillé avec John Armleder, artiste genevois de renommée internationale. Ensemble et avec l’aide de Stéphane, le fils de John, ils ont créé le label Villa Magica Records (VMR) en 2003, consacré essentiellement à l’édition d’albums de musique de Noël, sorte de mimétisme amusé de l’industrie du disque.

L’exposition personnelle de Sylvie Fleury présentée récemment à Paris s’intitulait «Yes to all», ce qui pourrait être la devise de la Genevoise. Elle incarne en effet tous les paradoxes. «Je pratique le yoga mais cela ne m’empêche pas de porter des talons aiguilles.»

De tendance écolo, elle adore pourtant les moteurs puissants. Son goût pour la notion de véhicule en général l’a incitée à créer des œuvres en forme de fusées ou d’objets volants non identifiés.

Il est difficile de dire si le goût de Sylvie Fleury pour la spiritualité, le Zen et le Feng Shui s’accorde avec la mouvance consumériste dans laquelle elle s’inscrit, ou s’il en est une suite logique.

Peace and Love, New Age, amatrice de V8 et illusionniste à la fois, elle essaie tout simplement tout, dit oui à tout, avec une énergie bien à elle. Elle nous a aimablement présenté ses adresses genevoises favorites (coordonnées en bas de page).

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Les Deux Portes, à la rue Schaub, qui propose une cuisine biologique végétarienne et macrobiotique, est particulièrement apprécié par Sylvie Fleury pour ses plats du jour. Dans un autre genre, elle aime aussi ceux du Café des Bains.

Dans le style asiatique, la genevoise est cliente du Sansui, son restaurant japonais de prédilection et du Tsé-Fung de la Réserve, où elle conseille le bœuf caramélisé.

L’artiste se rend également chez Roberto, un restaurant italien old-style à Rive, fréquente le Café Universal, «un endroit qui a gardé l’esthétique d’un vieux bistro genevois» et boit son café, le matin, chez Quartier à la rue Voltaire. L’été sa terrasse préférée est celle de l’Hôtel Richemond.

Sylvie Fleury préfère faire son shopping lors de ses voyages: «On flâne à la recherche de tout et de rien plus facilement dans une ville inconnue.» A Genève, elle aime aller chez Caroline Behrens, à L’Adresse, une boutique street-wear qui comprend un café-bar, ainsi qu’au Septième Etage.

L’artiste possède trois voitures: une Chevrolet Caprice Classique 89, une Buick Skylark de 67 et une Porche de 93. Elle a fondé un club de voitures: les «She Devils on Wheels». Elle fréquente également lorsque son temps le lui permet deux clubs genevois: «The Cheaters» et «The Crazy Cruisers». Elle recommande le garage de voitures américaines American Cars à Meyrin.

La bibliothèque de la Villa Magica trahit le goût prononcé de Sylvie pour l’ésotérisme, l’occulte et les vieux manuscrits, qu’elle cultive notamment en passant du temps à la librairie Arcane 7 à la rue de Berne ou chez Delphica. Pour les éditions d’art spécialisées, elle va chez Hard Hat.

Et enfin, pour la détente, Sylvie Fleury choisit Forever Laser ainsi que le Hammam des Bains des Paquis. Mais pour une remise en forme complète, elle prend rendez-vous chez son naturopathe, Pascal Barone, pour des séances comprenant bio résonnance, chromothérapie et ondes alpha…

Aux Deux Portes
11, rue Schaub
022 734 11 22

Café des Bains
26, rue des Bains
022 321 57 98

Sansui
12, rue de la Faucille
022 733 80 25

Tsé-Fung
La Réserve ·
301, route de Lausanne ·
022 959 59 59

Roberto
10, rue Pierre-FATIO
022 311 80 33

Café Universal
26, Boulevard du Pont-d’ Arve
022 781 18 81

Quartier
Pâtisserie & confiserie
24, rue Voltaire
022 344 53 21

Hôtel Le Richemond
810, rue Adhémar-Fabri
022 715 70 00

Caroline Behrens
30, rue du Rhône
022 312 20 20

L’Adresse
32, rue du 31 Décembre
022 736 32 32

Septième Etage
10, rue du Perron
022 310 77 70
www.septieme.com

American Cars
107, route du Nant-d’Avril
Meyrin
022 785 43 66

L’Arcane 7
7, rue de Berne
022 731 26 77

Delphica
19, bd George Favon
022 310 76 86

Hard Hat
39, rue des Bains
022 320 37 20

Forever Laser Institut
46, rue du Rhône
022 319 09 60

Bain des Pâquis
Quai du Mont-Blanc 30

Pascale Barone
Naturopathe
23, ch. De la Vi-Longe
Onex


Une version de cet article est parue dans le magazine BabooTime de juin 2005.