LATITUDES

Le grand retour de la corde à sauter

Elle avait petit à petit disparu des cours de récré depuis les années 1970. La voici qui revient en force comme accessoire de fitness très tendance. Le «rope skipping», un sport branché, un sport à part entière!

420, 421,422. Je tente de me motiver en pensant à la silhouette d’Hilary Swank (l’héroïne-boxeuse de «Million Dollar Baby») sculptée à coups de milliers de sauts. Peine perdue, je reste scotchée au sol et ne rebondirai plus. Les 500 sauts consécutifs que je me suis fixés comme objectif sont remis à demain. C’est que je suis déjà accro!

Depuis deux semaines, je me suis mise au saut à la corde en y prenant non seulement goût mais en n’envisageant plus un jour sans ces précieuses minutes trépidantes. Et dire que l’automne passé, j’hésitais à investir dans un tapis de course, un rameur ou un appareil de musculation ruineux et encombrant alors qu’un objet aussi trivial que le bout de vinyle que je tiens en mains fait mieux encore.

Les boxeurs n’avaient d’ailleurs pas attendu l’arrivée de ce phénomène de mode pour inclure comme routine d’entraînement des centaines de sautillements. Aujourd’hui, la plupart des sportifs les imitent en faisant usage de ce gadget qui développe le système cardio-vasculaire, améliore l’endurance et la coordination, muscle mollets, cuisses, bras, épaules, ventre et dos et prévient les problèmes veineux des jambes.

Et ce n’est pas tout. Une étude menée par Weight Watchers conclut que le saut à la corde est l’activité physique la plus susceptible de brûler des calories en un minimum de temps. Dans son livre «Equilibre et vitalité», Claude Boiocchi ne dit pas autre chose: «Quinze minutes de corde à sauter équivalent à une demi-heure de footing à un rythme soutenu.» Bref, ça ressemble fort à l’exercice de choix pour entretenir sa forme

Pas étonnant dès lors que ses adeptes se multiplient. Avant de les rejoindre, il n’est pas inutile d’en connaître les contre-indications que sont les problèmes de dos (scoliose ou disques intervertébraux abîmés), de hanche ou de genoux. Enfin, ne sous-estimez pas un inconvénient majeur à sa pratique en appartement: les voisins…

C’est décidé, une corde deviendra l’alliée de votre forme! Quelle corde acheter? Entre un simple bout de chanvre et la très design corde Keith Haring vendue 20 euros à la boutique de Beaubourg, le choix est étonnamment vaste. Un véritable «marché rope skipping» est en train de se développer.

Les modèles peuvent être en fils tressés, en cuir, en latex, en vinyle ou quantité de matières synthétiques. Certaines cordes possèdent un compteur digital affichant le nombre de sauts et les calories consommées. D’autres sont lumineuses, musicales ou, comme la «Star Academy», débitent une phrase d’encouragement tous les dix tours grâce à un haut parleur intégré.

Plus la corde est lourde, plus elle favorise la musculation des poignets, bras et épaules. Les poignées varient, elles aussi de la mousse au bois en passant par x autres revêtements. Certaines sont munies de roulements à billes incorporés ou permettent d’intégrer des lests (poids).

Très important, ne pas sauter pieds nus mais chausser des baskets de jogging absorbant les chocs et prévoir un soutien gorge de maintien, si vous êtes une femme.

Il ne reste plus qu’à sauter. Comment? De nombreux sites du Net jouent les coaches aux conseils divers. En résumé, il s’agit d’enchaîner des «rounds» plus ou moins longs entrecoupés de phases de récupération. Pour pimenter le tout, on alterne des sauts à la nomenclature anglaise: «basic rest step», «straight over jump step», «running step» et «toe tap». Enfin, comme tout entraînement, il est préférable de s’y mettre très progressivement sous peine d’un découragement rapide.

Après quelques mois de pratique, les mordus se lanceront peut être dans la compétition — le 12 novembre prochain aura lieu le «Swiss Rope Skipping Championship» — ou trouveront là un job leur permettant de rebondir, en devenant «instructor» de rope skipping.

Enfin, pour ceux que la santé de leurs neurones préoccupe davantage que celle de leurs muscles, la mise en équation des courbes d’une corde à sauter s’avère un excellent exercice, réussi pour la première fois en 1860 par un certain Monsieur Clebsch.