LATITUDES

Permettre aux enfants d’accéder à la mobilité douce

Les écoliers sont souvent transportés en voiture par des parents soucieux de leur sécurité. Des solutions alternatives existent pourtant, qui favorisent par ailleurs l’autonomie et la santé.

Jusqu’à 25% des écoliers suisses romands sont amenés à l’école en voiture, selon diverses études sur le sujet. Le plus souvent, les parents optent pour ce moyen de transport par souci de sécurité. Pourtant, des alternatives existent. Le Pedibus par exemple, est un système d’accompagnement des enfants à pied à l’école sous la supervision de parents bénévoles, qui fête ses 25 ans d’existence en Suisse cette année.

L’an dernier, 116 lignes Pedibus étaient actives dans le canton de Vaud, y compris des lignes de «Peditrains», qui combinent plusieurs modes de transport (marche, bus, train) lorsque les distances jusqu’à l’école sont importantes. À Genève, on compte à l’heure actuelle 22 lignes actives, pour plus de 1000 enfants amenés à l’école par ce moyen. «L’objectif est d’apprendre aux enfants à devenir autonomes en toute sécurité, en inculquant les règles de circulation et en adoptant les bonnes habitudes», explique Isabella Siddiqi, coordinatrice cantonale du Pedibus Genève. S’y ajoute la volonté de préserver l’environnement, notamment en réduisant le nombre de voitures circulant à proximité des écoles.

«Mais la marche vers l’école présente aussi de nombreux bénéfices physiologiques, tant sur le plan physique que mental. Ce temps est l’occasion de faire de l’exercice quotidiennement. Il favorise aussi une mise en route du cerveau et augmente ainsi les capacités de concentration. Sans compter que la marche vers l’école améliore la cohésion sociale et la création de nouveaux liens entre les enfants d’une même ligne de Pedibus.»

Il existe cependant des disparités dans l’adaptation des chemins piétons selon que l’on se trouve en ville ou à la campagne. Les infrastructures ne sont pas toujours optimales, avec des traversées de routes parfois dangereuses, des chantiers ou travaux à risque, et des manques de patrouilleuses scolaires.

Le vélo, une pratique héréditaire

Le recours au vélo pour se rendre à l’école ou à des activités survient en général au moment du passage à l’école secondaire, lors de l’augmentation des temps de trajet. Aurélie Schmassmann, doctorante à l’Observatoire universitaire du vélo et des mobilités actives (OUVEMA) à Lausanne, travaille sur le sujet des «trajectoires cyclistes chez les jeunes».

Elle a identifié plusieurs tendances marquantes auprès d’une cohorte de jeunes établis à Yverdon-les-Bains (VD). D’une part, la transition difficile d’un usage ludique du vélo à un emploi utilitaire. «De nombreux jeunes considèrent leur bicyclette comme un jouet plutôt qu’un moyen de transport. Il existe aussi une fortes influence de la famille dans les pratiques de mobilité, un jeune ayant au moins un parent faisant du vélo utilitaire aura davantage tendance à être lui aussi un cycliste utilitaire.»

Aussi, la sécurité perçue et l’accès au vélo sont des facteurs cruciaux pour encourager la pratique. «Les jeunes se montrent souvent critiques des aménagements actuels, surtout en ville. Les voies cyclables, par exemple, permettent rarement de rouler côte à côte, et le comportement des automobilistes demeure une source d’inquiétude.»

Aurélie Schmassmann met en avant les avantages du modèle «8-80», un concept d’aménagement qui vise à créer des infrastructures sécurisées pour tous, des enfants de huit ans aux seniors de quatre-vingt ans, en tenant compte des besoins et contraintes de la pluralité des usagers. Ce modèle préconise des voies larges et sûres, ainsi qu’une limitation de la vitesse ou de la place des voitures. «Si l’on conçoit des aménagements qui conviennent aux enfants, ils seront également adaptés pour les autres usagers vulnérables de la route.»

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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans la Tribune de Genève.