Des biologistes de l’Université de Lausanne s’intéressent aux interactions entre la panthère des neiges, les nomades et leurs chèvres à Cachemire dans la région de l’Altaï, en Mongolie. Bien que ses proies naturelles se raréfient, le félin commet peu de dégâts sur le bétail.
En raison du manque de proies ou de la proximité avec les humains, les grands prédateurs peuvent s’attaquer au bétail, entraînant ainsi des pertes économiques pour les éleveuses et éleveurs. Ces relations entre humains, animaux sauvages et domestiques sont au cœur de la recherche du groupe de Philippe Christe, professeur au Département d’écologie et évolution (DEE) de l’UNIL. « En étudiant la panthère des neiges en Mongolie, nous voulions estimer la part de prédation sur le bétail, mais aussi la perception qu’en ont les bergères et bergers nomades. En effet, si une espèce est mal perçue par la population, cela peut compromettre les efforts de conservation. Et la panthère des neiges est à surveiller, parce qu’elle est menacée par les activités humaines, ainsi que par le réchauffement climatique. »
Pour répondre à ces questions, un doctorant du groupe, Claudio Augugliaro, a interviewé plus de 260 bergères et bergers quant à leur lien avec la panthère des neiges, mais aussi avec le loup. La recherche a montré que cette population tolère davantage le félin que le canidé. D’une part, la panthère des neiges prélève beaucoup moins de bétail et, d’autre part, elle est davantage respectée en raison des croyances des nomades.
Les scientifiques ont aussi montré que la mortalité du bétail était avant tout provoquée par des conditions environnementales comme le manque de ressources ou des hivers trop rigoureux plutôt que par la prédation. « Ce qui est certain, c’est que ces communautés ont l’habitude de cette cohabitation et savent protéger leurs animaux, constate le professeur. Si une bête est blessée ou malade, elles l’abandonnent facilement à un éventuel prédateur. »
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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans In Vivo magazine (no 29).
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