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Elle recycle les moules quagga

Carole Fonty tire la sonnette d’alarme: cette espèce invasive colonise le Léman et il est urgent d’agir. La start-up Alien Limited invente une filière de valorisation de ces mollusques.

«Si nous ne faisons rien, l’écosystème du lac Léman risque d’être radicalement transformé par les moules quagga, explique Carole Fonty. D’ici à 2045, leur population pourrait passer de 300’000 tonnes à presque 7 millions de tonnes.» Pour lutter contre ce mollusque invasif, l’entrepreneuse a lancé Alien Limited en septembre 2023. «Aujourd’hui, les moules quagga sont soit rejetées dans le lac, soit incinérées. Je veux les valoriser.» Sa proposition: tirer parti de ce nuisible en le transformant en matières premières et en énergie. «Les coquilles étant principalement composées de calcaire, on peut les utiliser pour en faire du ciment et ainsi diminuer l’impact sur le paysage et la biodiversité de l’extraction rocheuse.» En décembre 2023, elle remportait le Prix Genilem du concours «Prêt? Partez, pitch!» soutenu par le Groupe Vaudoise Assurances et d’une valeur de 30’000 francs.

«Petite, je rêvais de sauver les océans, aujourd’hui, je contribue à préserver les lacs suisses». Française d’origine, diplômée d’un master d’école de commerce en management de projet, elle arrive à Genève en 2010. «J’ai travaillé pour deux grandes entreprises, Pernod Ricard et L’Oréal, et j’ai développé et participé à des projets en lien avec leur responsabilité sociale et environnementale.» Pendant le Covid, elle développe une solution de collecte des déchets des salons de coiffure, dont des cheveux qui sont transformés en boudins qui absorbent les hydrocarbures à la surface de l’eau. Après avoir quitté L’Oréal en juin 2023, elle cherche une idée pour sa propre entreprise. «Je voulais faire quelque chose pour le Léman, alors je suis allée voir des pêcheurs, des plongeurs et la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman. La thématique des moules quagga s’est imposée d’ellemême.» Aujourd’hui, elle collabore avec l’École polytechnique de Lausanne et la Haute école d’ingénierie vaudoise pour développer sa solution.

«D’ici à septembre, j’espère lancer un projet pilote, avant de passer à l’échelle supérieure en 2025.» Elle réfléchit aussi à une solution pour récupérer plus de moules quagga que celles prises dans les filets des pêcheurs, échouées sur les rives ou bouchant les conduites lacustres. «J’espère que les pouvoirs politiques vont encore plus s’impliquer et soutenir mon projet. Les exemples nord-américains, dont les lacs sont colonisés depuis plus de 30 ans, nous montrent les dégâts environnementaux, sociaux et économiques causés par cette invasion. Il est urgent d’agir pour endiguer le problème et trouver une solution vertueuse.»

Où la rencontrer:

L’Octopus: «À l’angle entre la rue de l’Athénée et le chemin Malombré, c’est un restaurant que j’apprécie beaucoup. Je recommande particulièrement leur poulpe grillé au feu de bois.»

Nama: «Situé à la rue de la Coulouvrenière, c’est un endroit que j’aime beaucoup pour déguster de bons cocktails et de bons sushis.»

Rade de Genève: «Je passe beaucoup de temps entre le parc de la Perle du Lac et la plage des Eaux-Vives, c’est un lieu où j’adore venir et me ressourcer!»

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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans la Tribune de Genève.