Pour leur faire gagner quelques minutes, les GPS poussent parfois les automobilistes à emprunter des routes secondaires, au détriment de certaines communes qui deviennent de véritables axes routiers.
«La route était tellement bouchée que les riverains ne pouvaient plus sortir de chez eux. Les automobilistes croient gagner quelques minutes en sortant de l’autoroute mais provoquent une surcharge de trafic qui nous assigne à résidence. C’est insensé.» Maxime Isoz est vice-syndic, en charge de la police à Yvorne (VD). Chaque weekend d’hiver, les localités du Chablais sont submergées de voitures. En redescendant des stations de ski, les automobilistes quittent par exemple l’autoroute à Aigle, et prennent la route cantonale avant de reprendre l’A9 à Villeneuve, accablant les communes sur le chemin.
Les GPS, à l’instar de Google Maps ou Waze, guident leurs utilisateurs sur le chemin le plus rapide, basé sur le nombre de géolocalisations enregistrées à un endroit. Les itinéraires alternatifs impliquent alors souvent de passer dans les villages alentours. Un calvaire pour les communes qui deviennent de véritables axes routiers. Certains automobilistes prennent en outre des chemins ruraux pour tenter des raccourcis. «Ils perturbent les promeneurs sur des routes agricoles – par ailleurs interdites à la circulation –, où ils avancent finalement très lentement parce que leur véhicule ne sont pas équipés pour ces voies non carrossées», poursuit le vice-syndic.
Appel au bon sens
Alors quelles solutions? La loi interdit la fermeture autonome d’une route et les applications se rangent derrière leurs algorithmes. Dans les Grisons, la commune de Domat/Ems a trouvé la parade. Elle a décidé de créer un bouchon artificiel dans sa localité afin de ralentir le passage des automobilistes qui veulent contourner les ralentissements sur l’autoroute A13. Un vigile posté au rond-point laisse passer les voitures pour 40 secondes avant de les stopper pour deux minutes. Une surcharge de trafic volontaire qui permet ainsi de retirer le village des options du GPS, mais qui pénalise également ses habitants.
À Yvorne, le vice-syndic vise plutôt la sensibilisation. «Nous réfléchissons à installer des panneaux sur l’A9 pour indiquer qu’emprunter la route cantonale prendra le même temps que rester sur l’autoroute.» Maxime Isoz promeut également le renfort des transports publics et du covoiturage afin de diminuer le nombre de voitures montant en station.
Améliorer les grands axes
À Genève, la commune de Perly-Certoux est aussi confrontée à un fort trafic routier, notamment transfrontalier. Pour contourner la douane de Bardonnex, souvent sujette aux embouteillages, certains automobilistes prennent de petites douanes de campagne. «La douane autoroutière devrait ouvrir davantage de voies pour éviter un engorgement à la frontière, explique Fernand Savigny, conseiller administratif de Perly-Certoux. Si la route principale est efficace, les automobilistes la privilégient.»
Pour chasser les voitures, la commune a également choisi de réduire les vitesses de circulation. «La plupart des routes communales proches des habitations sont désormais en zone 20 ou 30 km/h. Les automobilistes en transit ne peuvent plus rouler rapidement, ce qui les décourage d’emprunter ces itinéraires au quotidien.» Quant aux petites douanes sur-empruntées, plusieurs communes frontalières suisses et françaises ont installé des feux de régulation qui forcent désormais les voitures à circuler de manière alternée.
Pour Fernand Savigny, la solution réside néanmoins principalement dans le développement des transports publics efficaces et incitatifs. «Il faut créer des liaisons du type Léman Express autour de Genève, notamment sur l’axe de Saint-Julien-en-Genevois.» Ce projet est actuellement étudié, mais une réalisation n’est pas planifiée avant l’horizon 2040, «trop tard», regrette le conseiller administratif.
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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans la Tribune de Genève.