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Kennedy Junior: la pure hypothèse de l’assassinat

Et si la mort de JFK Junior n’était pas accidentelle? Dominique Page résume les arguments des tenants de la théorie du complot.

«S’ils tuent des Kennedy, alors mes enfants sont des cibles», avait dit Jackie. C’était en 1968, peu après l’assassinat de l’oncle Robert. La veuve de JFK avait réclamé un service de protection rapprochée pour ses deux enfants, John et Caroline. A l’époque, cette mesure de sécurité n’étonnait personne. La mort du président, et celle de son frère candidat aux présidentielles, s’entouraient d’un mystère si épais que tout paraissait possible.

Trente ans plus tard, l’héritier du trône disparaît alors que l’assassinat du père n’est toujours pas élucidé. Nul ne s’étonnera de voir resurgir les fameuses théories du complot. Officiellement, JFK Junior est mort à la suite d’un accident aérien. Mais il n’y a pas de témoin. Toutes les hypothèses sont dès lors ouvertes, alors allons-y.

Il y a d’abord la thèse de l’assassinat politique. Si l’on considère que John Kennedy Junior aurait eu toutes ses chances d’accéder à la présidence des Etats-Unis, on peut imaginer l’élimination pure et simple d’un candidat gênant. Pierre Salinger, l’ancien chef du service de presse de JFK, a déclaré lundi sur les ondes d’Europe 1 que John envisageait de se lancer dans la course au pouvoir. «J’avais l’impression que dans l’année à venir, John Junior allait également devenir un homme politique. C’est mon point de vue. Et avec d’autres personnes, on pensait qu’il allait être candidat démocrate aux prochaines élections présidentielles.» Un témoignage à prendre avec les pincettes d’usage: Salinger est connu pour ses déclarations fumeuses.

Reste que JFK Junior n’avait pas besoin de convoiter la Maison blanche pour inquiéter ses rivaux. Sa simple candidature à une élection locale aurait déjà passablement agité les milieux politiques. Il y a quelques mois, l’ex-sénateur républicain Alfonse D’Amato déclarait que John serait un candidat solide pour la mairie de New York. Une phrase pas forcément innocente, d’autant que les deux hommes se connaissaient bien. John Kennedy venait d’offrir à D’Amato un poste de chroniqueur du magazine George.

On peut aussi imaginer une vengeance liée à l’activité d’éditeur de JFK Junior. Son poste de rédacteur en chef du magazine «George» lui offrait une tribune de choix. S’apprétait-il à publier des informations gênantes sur l’assassinat de son père? Rien ne permet de l’affirmer. Mais le rideau de fumée qui entoure encore, trente cinq ans plus tard, l’événement le plus spectaculaire de l’histoire américaine laisse toutes les hypothèses ouvertes.

Bien sûr, il est possible que John Kennedy et ses deux passagères aient succombé à un banal accident aérien. Les risques de perdre la vie à bord d’un Piper sont faibles, mais ils existent. En revanche, les probabilités de disparaître dans la mer, sans indice ni témoin, frôlent l’indice zéro si l’on exclut toute intervention extérieure.

La mort de John Kennedy, de son épouse et de sa belle-soeur est-elle due à un extraordinaire concours de circonstances? Ou y a-t-il eu une intervention extérieure? L’enquête le dira. Ou peut-être pas.