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Après comme avant

La seule surprise, finalement, des élections fédérales, aura été la bourde de l’Office de la statistique (OFS). C’est dire le degré d’immobilisme.

Plus stable, tu meurs. Finalement, le seul évènement stupéfiant des élections fédérales aura été l’erreur de calcul de l’OFS qui a un peu exagéré la progression de l’UDC, comme le recul des Verts, et minimisé la modeste avancée du PS, tout en faisant croire au Centre qu’il devançait historiquement à la photo finish les cousins radicaux – ce qui reste vrai en terme de sièges, mais faux en pourcentage.

Grosso modo, les partis gouvernementaux gardent à peu près la même suprématie, le bloc de droite n’a toujours pas de majorité absolue, la vague verte de 2019 est corrigée: bref retour à la case départ. Il faudra toujours multiplier les alliances de bric et de broc, s’acharner à l’art peu palpitant du compromis pour faire passer quoi que ce soit. La formule magique demeurera surtout une formule rabâchée.

Les quelques sièges gagnés par l’UDC ont d’autant moins d’importance qu’ils ne donneront pas au premier parti de Suisse une once de pouvoir supplémentaire. Tout juste les députés de la droite nationaliste seront-ils un peu plus nombreux à proposer des solutions à peu près inapplicables, qu’ils ne pourront de toute façon faire valider par que des alliances auxquelles généralement ils répugnent et pour lesquelles ils sont naturellement peu doués.

L’UDC continuera ainsi d’être un parti d’opposition au parlement et de gouvernement au gouvernement. Ce n’est qu’à l’étranger, où l’on ignore les capacités formidablement anesthésiantes du système politique confédéral, que l’on a pu s’inquiéter d’une «vague populiste déferlant sur la Suisse».

De la même façon, le recul des Verts ne changera rien à la nécessité d’une politique environnementale offensive: les écologistes reculent peut-être, le réchauffement climatique sûrement pas. D’autant que cette mauvaise performance s’explique par des éléments largement anecdotiques et corrigeables: la bêtise puérile des happenings menés par les activistes du climat, ou le côté souvent burlesque des positions des Verts sur les questions sociétales.

Même si l’écologie politique se heurte à un obstacle de taille: les signes de dérèglement climatique ont beau être de plus en plus palpables et visibles, le phénomène demeure malgré tout lointain et encore hypothétique par rapport à des réalités plus immédiatement douloureuses. Un scrutin a toujours lieu à l’instant «t». Or la fonte des glorieux glaciers suisses, par exemple, qui devrait provoquer une sorte d’épouvante, n’a rien d’instantanée.

L’inflation et l’énième hausse des primes maladie, au contraire, aussitôt ressenties, ont donné un bonus au PS, parti autoproclamé «du pouvoir d’achat». De la même façon, le Covid puis la guerre en Ukraine et les désordres sanglants au Proche-Orient fomentés par la barbarie des terroristes du Hamas, vécus et éprouvés en Suisse au jour le jour par images interposées, ont amplifié la crainte de tout ce qui vient de l’extérieur et donc gonflé le vote UDC.

En oubliant que sur la crise ukrainienne par exemple, l’UDC a pris sournoisement position pour ceux qui ont provoqué la guerre et une forme de déstabilisation mondiale: les envahisseurs russes.

Tout cela donc pour arriver, une nouvelle fois, à une forme d’immobilisme qui semble comme une deuxième peau collante à la Suisse. Ce que le subtil président du Centre Gerhard Pfister disait à chaud de la ligne politique de son parti, peut globalement s’appliquer, dans un pays où le chômage ne dépasse pas les 2%, à l’ensemble du corps électoral: «Un conservateur doit toujours se demander ce qu’il faut changer pour que le monde reste comme il est.»