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Comment la blockchain révolutionne l’art numérique

Les technologies liées à la blockchain telles que les jetons non fongibles (NFT) transforment le commerce et la certification des œuvres d’art numériques. Elles ouvrent aussi de nouvelles opportunités aux artistes de ce milieu.

Les ventes de NFT liés à l’art ont atteint un niveau record de 2,9 milliards de dollars en 2021, d’après l’étude «Global Art Market Report 2023». L’essor des plateformes de vente d’œuvres d’art certifiées par NFT constitue un développement majeur du monde de l’art, remarque un rapport publié ce printemps par Art Basel et UBS. Si la demande concernant ces biens a reculé depuis, pour s’établir à 1,5 milliard de dollars en 2022, les ventes sur ces plateformes demeurent à un niveau 70 fois supérieur à celui observé en 2020.

Les NFT – ou «jetons non fongibles» – sont des actifs basés sur la technologie blockchain qui comportent des données d’identification uniques. Ils agissent comme des certificats d’authenticité pour des objets numériques: contrats, cartes à collectionner, équipement dans un jeu vidéo ou œuvres d’art. Chaque pièce certifiée par un NFT peut ensuite être transférée de manière sécurisée et transparente à d’autres acheteurs.

«La frénésie observée il y a deux ans est liée en grande partie à la crise sanitaire, explique Cyril Dieumegard, consultant et formateur dans le domaine des nouvelles technologies à Genève. D’une part, beaucoup de gens se sont retrouvés à la maison avec des revenus dont ils ne savaient que faire. D’autre part, des développeurs ont trouvé le temps nécessaire pour se perfectionner sur des langages de programmation spécialisés utiles aux applications web 3.0 et à ces transactions.»

C’est aussi à cette époque que certaines œuvres d’art numérique atteignent des montants records: au printemps 2021, «Everydays: the First 5000 Days» de l’artiste américain Mike Winkelmann, alias Beeple, est adjugée pour 69,3 millions de dollars lors d’une vente aux enchères de Christie’s. Quelques mois plus tard, l’artiste PAK réalise des ventes de 91,8 millions de dollars pour sa collection «The Merge», acquise par 28’983 collectionneurs distincts.

Le pouvoir aux artistes

Au-delà de ces chiffres mirobolants, cette technologie semble faite pour rester et impacter le secteur à long terme. «Les NFT sont la partie émergée de la révolution monétaire déclenchée par le développement des crypto-monnaies, poursuit Cyril Dieumegard. Il faut les considérer comme l’aspect ludique d’une évolution technique qui va continuer à transformer le monde ces prochaines années.»

La tendance ouvre aussi de nouvelles portes aux artistes numériques. «Les œuvres créées par ordinateur ont longtemps été décriées par les acteurs du marché de l’art traditionnel. En éliminant ces intermédiaires, les technologies tels que les NFT permettent à une nouvelle génération de créateurs de trouver leur public et de générer des revenus.»

Ces pièces s’achètent et s’échangent sur des places de marché spécialisées comme Rarible, Nifty Gateway ou OpenSea, cette dernière revendiquant plus d’un million et demi d’utilisateurs actifs à ce jour. «Il faut savoir que le public de ces plateformes souhaite acquérir des œuvres particulières, et pas simplement des tableaux numérisés. Par exemple des «PFP», qui servent de photo de profil sur les réseaux sociaux, ou des NFT dynamiques, dont l’apparence peut évoluer en fonction de certains événements survenant dans la blockchain.»

On ne s’improvise donc pas créateur de NFT du jour au lendemain. «Des artistes traditionnels viennent me voir pour savoir comment se lancer, dit le spécialiste. Je leur réponds que l’on ne peut que se casser les dents en débarquant sans posséder les codes du web 3.0 et d’y avoir développé sa notoriété.» Cela passe par la création d’une communauté sur des réseaux sociaux comme Twitter et Discord, où se retrouvent les passionnés de l’univers crypto.

Richard Vigniel, alias RVig, s’illustre depuis une vingtaine d’années dans l’art génératif, qui consiste à créer des œuvres de manière autonome à l’aide d’algorithmes informatiques. L’artiste basé à Genève compte aujourd’hui plus de 4’000 folllowers tant sur les réseaux sociaux Twitter que Instagram. «L’essor des NFT a permis de rendre plus visible et de légitimer l’art génératif, inconnu du grand public jusqu’alors. Cela facilite aussi la diffusion de séries de pièces uniques, là où il fallait auparavant choisir puis imprimer une sélection d’œuvres pour une exposition dans une galerie. Enfin, la vente sans intermédiaire fournit de nouvelles sources de revenus, dont le montant demeure cependant aléatoire.»

L’art digital s’expose désormais aussi dans des espaces physiques. RVig a par exemple présenté il y a quelques mois des œuvres lors d’une exposition collective organisée au sein de l’espace NFT Factory à Paris. Des galeries spécialisées ont aussi ouvert leurs portes à Londres ou à New York «Cette technologie va s’imposer dans une utilisation quotidienne toujours plus large. À terme, il est probable que les collectionneurs d’art réclament également des certificats NFT pour les œuvres physiques qu’ils souhaitent acquérir.»

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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans Entreprise Romande.