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Le jeu vidéo contre la sclérose en plaques

Des chercheurs du CHUV se penchent sur le potentiel du jeu vidéo pour lutter contre les troubles cognitifs liés à la sclérose en plaques. Les spécialistes développent un nouvel outil thérapeutique.

Lors de la première phase de développement de la sclérose en plaques – appelée «phase inflammatoire» – certain·e·s patient·e·s sont parfaitement à même de marcher et de se tenir debout mais peuvent ressentir une fatigue récurrente ou des troubles de la concentration. Pour lutter contre ces déficiences cognitives, le professeur Arseny Sokolov, du Service de neuropsychologie et de neuroréhabilitation au CHUV, mise sur une technologie de jeu vidéo, d’abord développée par une équipe académique californienne, dans l’optique d’atténuer la perte de capacités cognitives liée au vieillissement du cerveau.

La méthode combine exercices cognitifs et physiques. La personne fait face à un écran géant sur lequel figurent des cibles à atteindre, parfois au prix d’un effort physique. Le jeu se déroule sur plusieurs niveaux dans un univers inspiré du monde maya riche et réaliste. Le dispositif est équipé d’une caméra qui suit les mouvements de la personne pour déterminer si elle atteint la cible. «Nous cherchons à comprendre dans quelle mesure la stimulation de l’activité cérébrale par le jeu vidéo permet d’atténuer les troubles cognitifs chez les personnes souffrant de sclérose en plaques», résume Arseny Sokolov. Le jeu vidéo permet aussi d’entretenir la motivation en s’adaptant en temps réel aux performances de la personne qui l’utilise.

Maladie auto-immune, la sclérose en plaques se produit lorsque les cellules de défense immunitaire s’attaquent aux neurones. Les premiers symptômes, qui peuvent aller jusqu’à des troubles de la marche, apparaissent dans la plupart des cas chez des individus entre 20 et 40 ans.

Les progrès de la médecine permettent aujourd’hui de déceler la sclérose en plaques à un stade plus précoce qu’auparavant. «Grâce à l’IRM, on peut établir un diagnostic dès la première apparition des symptômes», explique Renaud Du Pasquier, chef du Service de neurologie du CHUV. «Poser le diagnostic le plus tôt possible est un facteur décisif.» La sclérose en plaques recèle malheureusement encore bien des mystères: ses causes n’ont toujours pas été clairement élucidées et aucun traitement ne permet d’en guérir. Le seul moyen pour améliorer la qualité de vie des patient·e·s reste donc la lutte contre les symptômes.

Ce traitement comprend le plus souvent des médicaments qui permettent de retarder la progression de la maladie et des symptômes les plus handicapants. Pour les patient·e·s qui disposent encore des capacités physiques nécessaires, le recours au jeu vidéo constituerait donc un outil thérapeutique supplémentaire. Il permettrait notamment la réhabilitation de fonctions cognitives essentielles au quotidien.

«La neuroréhabilitation des patients atteints de troubles cognitifs liés à la sclérose en plaques est un domaine de recherche clinique et scientifique relativement peu développé», constate Arseny Sokolov. «Son potentiel est pourtant bien réel : renforcement de la concentration, augmentation de la vitesse de traitement de l’information, amélioration de la mémoire immédiate et baisse de la fatigue.»

Après une première phase conduite sur 12 patient·e·s au CHUV et des résultats encourageants, la deuxième phase du projet pilote a été lancée en février 2023 en collaboration avec l’Hôpital de l’Île à Berne, la clinique de réhabilitation de Valens (SG) et l’Université de Gênes, en Italie. À terme, l’étude portera sur 192 patients. Le projet a reçu une enveloppe de 2 millions de francs du Fonds national suisse (FNS). /

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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans In Vivo magazine (no 27).

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