KAPITAL

L’archéologue en tenue de plongée

De la Tène en région neuchâteloise à la Guadeloupe en passant par la Corse, Fabien Langenegger explore et date les trésors archéologiques immergés en analysant l’âge des arbres. Un métier essentiel à la conservation du patrimoine historique.

Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans cialis black online.

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Dendrochronologue archéologue subaquatique. Derrière ce titre intrigant se cache le métier de Fabien Langenegger. A 54 ans, cet ancien enseignant d’éducation physique et d’histoire est aujourd’hui spécialiste des fouilles archéologiques et de la datation des arbres sous l’eau.

Responsable du laboratoire cantonal neuchâtelois de dendrochronologie, installé dans les bâtiments du Laténium à Hauterive (NE), Fabien Langenegger explore le patrimoine historique immergé et menacé par les activités humaines ou l’érosion naturelle. Une tâche ardue qui mobilise de grands moyens: «Les recherches débutent le plus souvent par de la prospection aérienne que nous effectuons avec un dirigeable équipé d’une caméra haute définition.» Une fois les traces d’un site ancien repérées, l’archéologue et son équipe accourent et plongent pour y effectuer les fouilles. «Parfois, on ne trouve rien d’exploitable, et d’autres fois, on tombe sur de véritables trésors.» Le chercheur se souvient notamment de ce galion espagnol du 16ème siècle coulé près des côtes corses, ou encore de cette pêcherie du néolithique découverte à quelques mètres sous la surface du lac de Neuchâtel au large de La Tène (NE). «On pouvait y distinguer les chenaux qui servaient à canaliser les bancs de poissons et les piéger. Le dispositif était presque intact alors qu’il datait de plus de 4’000 ans.»

Comment peut-il donner une date aussi précise? «Précisément grâce à la dendrochronologie, qui consiste à dater des morceaux de bois en inspectant les cernes des troncs. Chaque cerne représente une année, mais leur forme varie en fonction des conditions climatiques de chaque période. Grâce à la recherche, on dispose de courbes chronologiques fiables pour de nombreuses espèces d’arbre, comme par exemple le chêne, qui permettent de rembobiner l’histoire sur plusieurs milliers d’années. À la découverte d’un vestige en bois, il ne reste ainsi plus qu’à comparer la structure des cernes pour déterminer à quelle époque l’arbre a vécu et a été coupé.»

Pour exercer ce métier, une formation d’archéologue, un brevet de plongée et une bonne condition physique sont nécessaires. «Les techniques de datation du bois, par contre, s’apprennent sur le terrain en compagnie d’experts.» Côté salaire, entre le poste offert par le canton et les missions réalisées en tant qu’indépendant, l’expert peut espérer toucher jusqu’à 100’000 francs par an.