LATITUDES

Quand la télévision suisse s’inventait à Lausanne

Livre méconnu de Nicolas Bouvier, «La boîte à images», retraçant les débuts de la télévision en Suisse romande, vient d’être réédité. Il regorge de photos d’époque et d’anecdotes surprenantes.

En 1979, l’écrivain-voyageur Nicolas Bouvier publiait La boîte à images, un mandat confié par la Télévision suisse romande (TSR, rebaptisée depuis RTS) à l’occasion de son 25e anniversaire. Le livre raconte tant les défis technologiques que les aventures humaines qui ont permis de créer ce nouveau média.

La réédition par les Éditions Héros-Limite de cet ouvrage méconnu de l’écrivain, disparu en 1998, est l’occasion de rappeler que la toute première expérience de chaîne de télévision en Suisse a eu lieu à… Lausanne en 1951 ! Soit près de deux ans avant la création de la télévision suisse à Zurich et trois ans avant la fondation officielle de la TSR à Genève.

Le réalisateur Jean-Jacques Lagrange a fait partie des pionniers ayant contribué au développement de la TSR: «C’était vraiment une aventure, se rappelle-t-il. L’étrangeté de la chose est que nous nous étions organisés pour exercer un métier qui n’existait pas à l’époque, même si on en parlait à tort et à travers dans la presse.»

Cette première expérience télévisée du pays bénéficie alors d’un crédit de 50 000 francs et de matériel fourni par Philips ainsi que d’un petit studio prêté par la radio lausannoise, pour réaliser trois fois par semaine des pièces de théâtre, des «dramatiques», et des «éditions régionales dans des conditions qu’on peut qualifier d’ingrates», écrivait Nicolas Bouvier.

En tout, ce seront près d’une centaine de programmes qui seront produits dans la capitale vaudoise en quatre mois. Le public s’avère restreint : à l’époque, seuls le syndic de Lausanne Jean Peitrequin et Charles Gilliéron, du Comité central de la SSR (Société suisse de radiodiffusion et télévision), disposent de récepteurs privés. Des émissions confidentielles donc, auxquelles s’ajoutent quelques diffusions publiques… «Il ne faut pas oublier ce galop d’essai ; peut-être avait-il été tenté trop tôt», soulignait Nicolas Bouvier en concluant son rappel de cette épopée lausannoise.