LATITUDES

Du design unique dans une ambiance postindustrielle

Après un début de carrière en tant que designer textile, Annabelle Dentan a ouvert Chic Cham, une boutique qui s’est imposée comme le lieu où flâner à la découverte de pièces que l’on ne trouve nulle part ailleurs.

En 2011, lors de sa création, Chic Cham est d’abord une boutique en ligne. Mais, rapidement, ses cofondatrices, Annabelle Dentan et Pauline Martinet, souhaitent lui offrir un espace où les gens peuvent toucher les objets beaux et rares qu’elles proposent. Aujourd’hui seule à la tête de la boutique, Annabelle Dentan gère avec brio ce lieu phare du design lausannois.

Vous avez noué un lien particulier avec l’Inde. Comment est-il né ? Comment le nourrissez-vous ?

Annabelle Dentan: Mon père avait une entreprise qui importait des tapis d’Inde, qu’il avait fondée dans les années 1970. J’ai voyagé pour la première fois dans le pays avec lui en 1985, lorsque j’avais 14 ans, et j’ai tout de suite développé une passion pour le travail de ces artistes du textile. Après mes études en architecture d’intérieur, j’ai rejoint la société en tant que designer textile et j’ai continué à entretenir des rapports avec les artisans avec lesquels mon père avait collaboré. Aujourd’hui, à plus petite échelle bien sûr, ils produisent des tapis dessinés en Suisse et tissés à la main éthiquement en Inde pour notre marque Chic Cham Rugs.

Votre assortiment se distingue par un renouvellement continu, qui saisit les nouvelles tendances. Comment sélectionnez-vous les pièces présentées ?

Ma sélection s’opère essentiellement à l’instinct. Je suis beaucoup de comptes de mode, d’architecture ou de graphisme sur Instagram. Ils m’inspirent pour le choix de notre assortiment. J’aime beaucoup par exemple le travail du styliste Jacquemus, dont j’apprécie notamment les mises en scène lors des défilés. Ces inspirations convergent tous les six mois vers un nouveau thème qui change complètement le visage de la boutique.

Quelles sont les pépites que l’on peut trouver chez Chic Cham ?

Ce sont souvent des pièces artisanales, produites en très petite quantité et très difficiles à trouver ailleurs. Notre nouveau thème, que nous avons appelé « dune », inclut entre autres des sculptures en céramique de l’artisane italienne Paola Paronetto et des vases en verre soufflé à la bouche de la marque tchèque Dechem.

Quelles nouvelles tendances observez-vous dans le design d’intérieur ?

Même si j’aime les couleurs fortes, je constate que les tendances actuelles privilégient les couleurs et les lignes épurées, mais pas dans le sens froid du terme, au contraire avec un côté cosy. En ce qui concerne les matériaux, j’observe une utilisation croissante du travertin, avec ses nuances de beige, en tant que substitut du marbre. Je décrirais ces tendances avec les termes «brut chic».

Quels sont vos liens avec Lausanne ? On a l’impression qu’il y a une vraie culture du design à Lausanne, plus que dans d’autres villes suisses. Est-ce lié à la présence de l’École cantonale d’art de Lausanne (ECAL) ?

J’ai grandi dans cette ville et même si j’ai beaucoup voyagé, je considère Lausanne comme mon centre de gravité. Oui, grâce à l’ECAL, il existe une vraie communauté liée au design à Lausanne, qui contribue aussi au succès de Chic Cham. Nous recevons parfois des commandes de tapis de l’ECAL et collaborons avec certains créateurs de l’école, comme Adrian Rovero, Nicolas Le Moigne ou encore Tomas Kral.

Comment avez-vous trouvé ce bâtiment incroyable qui abrite votre boutique ?

Il y a très longtemps, il s’agissait d’une forge et, après quelques années d’abandon, le bâtiment a été repris par un ébéniste. Quand on nous l’a proposé, il était dans un état désastreux. Avec la cofondatrice de Chic Cham, nous avons repeint les murs et les fenêtres, vitrifié les sols, pour le transformer en espace commercial avec un esprit décidément post-industriel. C’est vraiment génial d’être là !

Ses adresses

Restaurant Jajaffe (Place de la Riponne 10, Lausanne): «Les deux jeunes chefs ont repris la cuisine de La Grenette jusqu’à fin juillet. Le restaurant change de menu chaque semaine en proposant seulement quatre ou cinq plats. Cuisine moderne, produits extrêmement frais et vins naturels en font l’un de mes endroits préférés à Lausanne.»

Café des Artisans (Rue Centrale 16, Lausanne): «Il s’agit d’un incontournable. Un lieu où la communauté du design de Lausanne se retrouve souvent. Amaya et Iggy, qui gèrent l’établissement depuis 2012, proposent de super cocktails et une très bonne cuisine, mais le vrai point fort y est l’ambiance.»

Café de Chavannes (Route de la Maladière 40, 1022 Chavannes-près-Renens): «Repris par Lisa et Lionel tout récemment, avec l’aide du cuisinier Luis (qui a auparavant travaillé à la Pinte des Mossettes), ce restaurant propose une cuisine de super haut niveau. À tester absolument.»

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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans The Lausanner (n° 9).