CULTURE

Séparatisme balnéaire

Zone indépendantiste pro-russe, l’Abkhazie a fait sécession de la Géorgie mais n’est pas reconnue par la communauté internationale. Julien Pebrel a observé le quotidien de ce pays-plage.

Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans le magazine photographique Météore.

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Elle est surnommée le paradis perdu. L’Abkhazie, terre de promesses et de verdure, nichée entre la mer et les montagnes. Au-delà du mythe, l’Abkhazie est surtout une région indépendantiste qui s’est séparée en 1993 de la Géorgie qui l’entoure, suite à une violente guerre de sécession, les Abkhazes étant alors soutenus par Moscou. Non reconnu, cet État établit des règles et des barrières afin de préserver à tout prix son autonomie. Ainsi, d’après la loi, aucun étranger ne peut acquérir de bien immobilier sur le territoire.

Bercé par les récits de voyage de Nicolas Bouvier, le photographe Julien Pebrel s’est d’abord intéressé aux États non reconnus par la région du Haut-Karabakh. De fil en aiguille, il découvre en 2013 la Géorgie et l’Abkhazie, son enclave indépendantiste. «J’étais marqué par l’importance accordée à la protection de l’identité ethnique, un concept particulièrement éloigné de mes opinions.» Aujourd’hui, le photographe français partage son temps entre Paris et Tbilissi en Géorgie. Il n’adhère par ailleurs pas aux revendications de l’Abkhazie qui, selon lui, « n’était pas réellement menacée par la Géorgie ».

Située au bord de la mer Noire, l’Abkhazie est principalement une station balnéaire. Sanatorium, transats, plongeoir et glaciers : les plages répondent aux caractéristiques des destinations estivales. Mais la nostalgie plane dans la série Abkhazia. Les bâtiments tombent en ruine, les attractions balnéaires en désuétude. La Russie est un des rares États à avoir reconnu l’Abkhazie en 2008. Depuis, une relation de dépendance s’est établie. L’écrasante majorité des touristes est Russe. «Ces plages sont moins onéreuses que celles de Russie comme Sotchi. Et les Russes ne considèrent pas l’Abkhazie comme l’étranger. Pour eux, c’est une extension de leur territoire. Staline y avait une datcha.» Le pays est d’ailleurs relié à la Russie, notamment par une ligne de train Moscou-Soukhoumi, sa capitale.

Sur le bord de mer à Soukoum

Question directe : Vos photos permettent-elles de voir la guerre ?

Julien Pebrel: «La guerre n’est plus active, le conflit est depuis longtemps gelé. La guerre est présente par les ruines et les réguliers défilés militaires, mais sans combats concrets.»

JULIEN PEBREL, FRANCE ET GÉORGIE

Né en 1983 à Brive-la-Gaillarde en France, Julien Pebrel a d’abord suivi des études d’ingénierie en mécanique des fluides avant de se lancer dans la photo en autodidacte. Il travaille aujourd’hui au sein du collectif de photographes Myop à Paris. Il s’intéresse notamment à la Géorgie et sa population à travers plusieurs séries de photos comme Abkhazia, dont sont extraites les photos présentées dans ce numéro.

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