C’est grâce à lui que l’équipe française de basket s’est qualifiée pour les JO de Séoul. Mais Tariq n’est pas chauvin. «Avant de représenter la France, je représente ma religion.»
En arabe, Tariq signifie «étoile du matin» et Abdul-Wahad «servant d’un Dieu unique». C’est le nom choisi par un basketteur doué et narcissique, premier joueur français reçu dans la prestigieuse NBA.
Aujourd’hui, Tariq est sans doute le premier ambassadeur de l’islam auprès de la jeunesse française. Un destin curieux. Il y a à peine deux ans, il ne connaissait rien à la religion du Prophète. Il se contentait de manipuler le ballon et de tendre ses paumes vers le panier. Il jouait alors sous son vrai nom, Olivier Saint-Jean. Un nom d’apôtre chrétien pour un natif de Maisons-Alfort fraîchement exilé aux Etats-Unis.

Son premier match pour la NBA, il l’a joué à Miami, le 11 novembre 1997. Il avait 23 ans. C’est à la veille de ce match qu’il a changé d’identité et de religion. Olivier Saint-Jean s’est converti à l’islam. Il est devenu Tariq Abdul-Wahad.
En France, où le foot mobilise les esprits, la presse et la télévision ont toujours négligé le monde du basket. C’est une tradition. Mais depuis que l’enfant du pays réussit aux Etats-Unis, et surtout depuis que l’équipe nationale a entrevu une qualification pour les JO de Sydney, Tariq se profile comme la nouvelle coqueluche des médias. Paris-Match vient de lui consacrer une interview passionnante, de même que Le Parisien.
La manière dont l’athlète parle de son pays natal risque de faire tressauter quelques commentateurs sportifs d’obédience nationale-républicaine. «Avant de représenter la France, je représente ma religion», dit Tariq. «Je veux que ma renommée soit aussi celle de l’islam.»
Tariq n’a pas choisi sa nationalité. Mais il a choisi sa religion. «C’est mon rôle de faire passer le message, de montrer, à travers mon propre comportement, ce qu’est l’islam.»
Il vit maintenant aux Etats-Unis, en compagnie de sa femme et de ses deux enfants. D’origine marocaine, son épouse n’était pas pratiquante avant de rencontrer Tariq. «Un jour, je l’ai demandée en mariage en lui expliquant clairement ce que cela signifiait d’être une épouse musulmane.» Elle a accepté. Désormais, elle porte le voile, comme sur cette photo publiée par Paris Match.
Depuis qu’il a rejoint l’équipe des Kings de Sacramento, Tariq Abdul-Wahad gagne plus d’un million de dollars par an. L’ampleur de ce salaire ne le dérange pas dans ses convictions religieuses. Il considère que c’est un prêt, et qu’Allah le jugera en fonction de la manière dont il l’aura utilisé.
Parallèlement à son entraînement de basketteur professionnel, Tariq suit des études d’histoire de l’art. Il vise le doctorat et compte devenir galeriste.