LATITUDES

«J’adore survoler le Léman !»

L’ancienne skieuse professionnelle, championne olympique de descente Dominique Gisin s’est reconvertie comme pilote d’avion chez Fly 7, seule compagnie commerciale basée à Lausanne-Blécherette.

Ouvert en 1919, l’aéroport de Lausanne- Blécherette enregistre aujourd’hui environ 36’000 mouvements chaque année. Depuis mai dernier, quelques-uns de ces vols sont le fait de la championne olympique de descente de 36 ans.

D’où vous vient ce goût de l’aviation ?

Dominique Gisin: Il est né vers 18 ans, grâce à un camarade de gymnase d’Engelberg (dans le canton d’Obwald, ndlr), passionné par le vol. J’ai d’abord voulu me lancer dans une formation de pilote de chasse, mais ce n’était pas compatible avec le ski. J’ai passé ma licence privée en 2011 et la commerciale en 2018.

Cela vous a valu d’être engagée en mai 2021 à la Blécherette…

Oui, je suis copilote à 50% chez Fly 7. La société emploie 65 pilotes dont quatre femmes. Ils sont actifs sur six appareils à Lausanne. Pour moi, cela représente une dizaine de jours de vol par mois. Le reste du temps, je vis à Zurich où j’étudie la physique à l’École polytechnique fédérale.

Que ressentez-vous en vol ?

Un sentiment de liberté et une joie comparable avec celle que je ressentais à skis, en jouant d’une autre manière avec les éléments.

Vos passagers vous reconnaissent-ils ?

Oui, parfois. Ils me félicitent pour mes victoires ou pour ma nouvelle vie. C’est sympa. Il y a parmi nos clients aussi bien des familles que des hommes d’affaires. J’aime cette diversité et on a souvent droit à des applaudissements à l’atterrissage (rires).

Combien coûte un vol ?

Entre 2500 et 3000 CHF / heure.

Quelle est votre journée type ?

Il n’y en a pas ! Un jour, je pars pour l’Espagne, un autre pour le Danemark ou l’Italie. En général, je rentre le jour même, mais il m’arrive de dormir sur place. Entre deux vols, je reste souvent à Lausanne, dans l’appartement de Fly 7.

Que vous inspire la ville ?

J’aime son côté multiculturel et aussi le bon compromis qu’elle offre entre une vie sociale riche et un côté plus calme. C’est apaisant par rapport au stress zurichois.

Et son aéroport ?

En matière de pilotage, il permet de nombreuses options et on le voit de loin, posé sur les Hauts de la ville, dans un paysage somptueux dominé par le Léman que j’adore survoler. La piste le rend très sûr. Elle est parfaitement adaptée à nos Pilatus PC12.

Voler sur ces avions suisses, c’était un rêve ?

Oui. Quand j’ai passé ma licence, je voulais voler dans ces appareils produits à vingt minutes de chez moi. Les PC12 sont hyperaérodynamiques et offrent un toucher aux instruments très agréable.

Que répondez-vous à ceux qui jugent l’aviation trop polluante ?

Le PC12 est un avion léger de 2,5 t à vide et il consomme 250 l/h, ce qui est peu pour un business jet. D’ici à quelques années, nous utiliserons pour moitié du fioul de synthèse et nous espérons pouvoir offrir à nos clients, qui sont très demandeurs, de compenser le CO2 de manière locale.

La facette de votre métier que vous préférez ?

Sa diversité ! C’est à chaque fois l’occasion de découvrir un autre aéroport, une autre géographie ou de progresser aux côtés des pilotes plus chevronnés avec qui je fais binôme. Certains ont travaillé dans la brousse et d’autres dans l’armée.

Quelles sont les qualités requises pour faire un bon pilote ?

Une excellente coordination, la capacité de rester calme en toutes circonstances, de décider vite et de s’adapter aux changements de météo, d’itinéraires ou autre. Ma carrière de skieuse professionnelle m’y a très bien préparée !

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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans The Lausanner (n° 8).