CULTURE

Pour sa thèse de doctorat, elle a décortiqué les messages du rap

À contre-courant des clichés, Paroma Ghose dévoile la force politique du rap. Pour son doctorat en histoire internationale, la chercheuse a analysé plus de mille textes de 493 rappeurs français.

«Aucune différence dans cette douce France, entre mon passé, mon présent et ma souffrance», assène en 2006 la rappeuse Casey avec son titre «Dans nos histoires». Comme elle, d’autres rappeurs se servent de leur voix pour faire passer un message aux accents souvent politiques. C’est du moins ce que défend Paroma Ghose, 32 ans, chercheuse en histoire internationale. En partant des morceaux de rap, elle tente de comprendre les problématiques qui traversent la société française. «Au-delà d’être simplement entendu, le rap gagne à être écouté avec attention», explique-telle. Diplômée de Cambridge et de l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) de Genève, Paroma Ghose a remporté en juillet dernier le prix Pierre du Bois. Celui-ci récompense chaque année la meilleure thèse d’histoire soutenue à l’IHEID. Une reconnaissance pour un travail original dans lequel elle passe au crible les textes de 493 rappeurs français, écrits entre 1981 et 2012. Une période correspondant aux débuts du genre musical en France et qui s’arrête avec la fin de la présidence Sarkozy.

Paroma Ghose a dû constituer ses propres archives. Elle réunit ainsi plus de mille textes de rap. Un travail colossal, motivé par sa passion pour cette musique et la volonté d’afficher la pertinence de ceux qui s’y expriment. Derrière les phrases de rappeurs et de groupes tels Lino, Suprême NTM ou encore Psy 4 de la Rime, la chercheuse a su retrouver et analyser les différents messages politiques.

«C’était important pour moi de montrer les revendications envers l’État et la République, précise-t-elle. J’ai voulu faire parler les chansons.» Pour Paroma, le rap porte le discours d’une partie de la France: celle qui se retrouve en marge de la société, car précarisée et souvent racisée. Le rap devient alors un outil à travers lequel on fait entendre sa voix et l’on dénonce les injustices endurées. Paroma souhaite désormais étendre ses analyses aux textes des rappeurs d’aujourd’hui, sur lesquels elle porte un regard nuancé. «Certaines chansons très populaires comme Bande organisée, des célèbres rappeurs Jul, SCH et d’autres, ne sont plus autant politiques, reconnait-elle. Même si les textes contiennent toujours de nombreuses revendications.»

Où la rencontrer

Le Fix: «Un lieu idéal pour une pause-café au calme, qui propose une carte confectionnée avec des produits locaux délicieux.»

En Vieille-Ville, pour une balade: «J’adore ce quartier, j’aime y aller surtout le soir pour son ambiance paisible.»

La Clémence: «Ce café dégage une atmosphère accueillante au cœur de la Vieille-Ville.»

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Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans la Tribune de Genève.