Éric Tabuchi et Nelly Monnier explorent les régions naturelles de France. Une première sélection de leur atlas photographique aux dizaines de milliers d’images paraîtra en octobre.
Une version de cet article réalisé par Large Network est parue dans le magazine photographique Météore.
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S’appuyant sur un découpage géographique qui précédait la Révolution française, l’Atlas des régions naturelles a l’ambition de dépeindre quelque 450 micro-territoires de l’Hexagone, des Cévennes au Léon, du Haut-Jura au Médoc, dans ce qu’ils ont d’unique et de commun. «Il s’agit d’un nuancier de couleurs, car les frontières entre les régions naturelles sont diffuses, soulignent les auteurs du projet, Éric Tabuchi et Nelly Monnier. Une richesse qui survit malgré la normalisation de la société.»
La méthode des deux artistes s’est structurée avec la mise en ligne d’un site internet (archive-arn.fr) en novembre 2020 et le projet d’un livre qui sortira le 7 octobre 2021. «Nous nous fixons désormais généralement quatre ou cinq régions naturelles à couvrir en l’espace de deux à trois semaines.» Le duo roule d’abord, au hasard, dans la région. Ils s’arrêtent lorsqu’ils voient des objets architecturaux ou des paysages naturels qui les surprennent, leur parlent. «Nous tenons à cette spontanéité. Nos envies, nos états d’âme transparaissent aussi parfois dans nos photographies.» Dans un second temps, ils se documentent pour voir si les pistes identifiées sont les bonnes à explorer.
Outre cette subjectivité, Éric Tabuchi et Nelly Monnier se sont fixé trois règles objectives pour constituer leur collection, qui comprendra 25 000 images à terme. L’objet doit être entièrement contenu dans l’image, totalement découvert et, enfin, emblématique de la région. L’atlas tente de varier les sujets, en diversifiant les époques, les types d’activité et d’utilité du bâti, la typologie des paysages, etc. «Il existe des milliers de gares, de stations- service en France, nous n’allons pas toutes les photographier, mais un détail plus parlant, plus évocateur, nous poussera à en choisir une plutôt qu’une autre.»
Votre travail photographique vous laisse-t-il entrevoir le futur ?
Éric Tabuchi et Nelly Monnier: «Sans être devins, nous estimons que les objets que nous photographions n’existeront sans doute plus dans un avenir proche. Avec ce projet, nous constituons une mémoire pour le futur. Ces archives photographiques permettront de revisiter un territoire, ses richesses, sa diversité, a la manière d’une collection d’insectes.»
Éric Tabuchi et Nelly Monnier, France
Diplômée des Beaux-Arts de Lyon en expression plastique en 2012, Nelly Monnier travaille sur le projet d’Atlas des régions naturelles, qui trouve également un écho dans sa peinture. Elle mène ce projet avec le photographe et musicien français Éric Tabuchi, qui sillonne la France depuis plus de vingt ans et a précédemment réalisé l’ouvrage Atlas of Forms (2017). Leur premier volume de l’Atlas des régions naturelles sortira en octobre 2021 (éd. Poursuite et GwinZegal).
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