TECHNOPHILE

Le successeur du SMS envoie des photos

Dès cet automne, le MMS permettra de transmettre des images. Les nouveaux modèles de téléphones mobiles sont équipés d’une lentille et d’un écran haute définition.

«Regarde, c’est superbe, il a neigé 80 cm de poudreuse!» La photo couleur apparaît sur l’écran du téléphone mobile en dessous du message. Le MMS (pour «Multimedia Messaging Service») promet de changer notre manière de communiquer.

Grâce à ce nouveau système, attendu pour l’automne, on pourra utiliser son téléphone mobile pour envoyer des images, des séquences sonores et même des petits films.

L’acronyme était sur toutes les lèvres des professionnels de la téléphonie mobile réunis il y a deux semaines au salon 3GSM à Cannes. Car le MMS promet de rapporter gros. Son succès s’annonce au moins aussi énorme que le SMS, auquel il succédera naturellement. Les opérateurs se frottent les mains. «Notre réseau est déjà prêt, explique Thérèse Wenger, porte-parole d’Orange. Nous n’attendons plus que l’arrivée des appareils. Comme pour le SMS, nous viserons dans un premier temps les jeunes avec ce service. Les autres usagers suivront naturellement.»

Pour les opérateurs et les fabricants, le MMS permettra de relancer un marché en stagnation depuis qu’il approche de la saturation (en Suisse, plus des deux tiers de la population possède déjà un mobile et les opérateurs doivent désormais focaliser sur les services et les tarifs pour détourner les clients de la concurrence). «Nous réalisons plus de 10% de nos revenus grâce à l’envoi de SMS, ajoute Thérèse Wenger. Nous comptons sur le MMS pour prendre la relève.»

Les fabricants veulent aussi profiter de la vague. Nokia a annoncé l’arrivée pour le printemps de son 7650, un modèle équipé d’une minicaméra et d’un écran couleur à haute définition. Ericsson commercialise déjà sa petite Communicam à brancher sur un mobile. «Le MMS sera opérationnel partout en Europe d’ici à la rentrée, explique John Delaney, analyste de l’institut britannique spécialisé Ovum. Comme les usagers doivent acquérir un nouveau téléphone pour en profiter, il faudra quelques mois pour que le marché décolle.»

Le MMS permet d’envoyer des images, mais aussi du son enregistré ainsi que des textes stylisés (avec des couleurs, des caractères de différentes tailles, etc.). Plus tard, on pourra aussi transmettre des petits films vidéo, mais aucun standard n’a été choisi pour l’instant. «L’envoi de photos sera clairement l’application la plus utilisée, car les besoins existent et cela offre un complément très important au SMS», poursuit John Delaney.

Les terminaux MMS seront munis d’un écran en couleur et d’une mémoire d’environ 500 kb, qui pourra stocker une vingtaine d’images au format JPG. La messagerie multimédia utilise la technologie GPRS existante pour transmettre les données à relativement haute vitesse.

L’envoi d’un message et d’une image ne prendra que quelques secondes et sera vraisemblablement facturé en fonction de la quantité de données transmises. Les opérateurs n’ont pas encore fixé de tarifs pour ce service. «Au début, la facturation se fera en fonction de la quantité de données, puis les opérateurs choisiront des grilles forfaitaires, estime l’analyste. Pour l’envoi de texte, un prix attractif sera proposé afin de pousser les usagers à quitter le SMS au profit du nouveau système. Le forfait «texte et image» ne devra pas être beaucoup plus cher, pour que l’utilisation devienne aussi courante que le SMS.»

L’envoi d’images pourra aussi se faire vers les téléphones qui ne sont pas équipés du MMS. L’usager reçoit alors par SMS une adresse Web à laquelle il peut se rendre pour consulter la photo envoyée. «Le MMS familiarisera les usagers avec le multimédia mobile, anticipe John Delaney. Ils comprendront mieux les possibilités qu’offriront les réseaux de troisième génération. L’UMTS ajoutera le haut débit et permettra donc la transmission de vidéos, voire de films longs métrages à visionner sur la route.»

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Une version de cet article de Largeur.com a été publiée le 3 mars 2002 dans l’hebdomadaire Dimanche.ch.

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