cialis bulk

La Suisse latine, championne des visites aux urgences

Au Tessin et dans plusieurs cantons romands, le taux de recours aux urgences des hôpitaux est supérieur à la moyenne helvétique. Comment expliquer ces différences régionales?

L’encombrement des urgences préoccupe le parlement, qui s’apprête à débattre d’une taxe de 50 francs à régler à l’arrivée. Dans ce contexte, le nouveau rapport de l’Observatoire suisse de la santé (Obsan) apporte un précieux éclairage en révélant de grandes disparités régionales. Cinq cantons latins – Tessin, Vaud, Fribourg, Neuchâtel, Jura – enregistrent des taux de recours compris entre 254 et 296 visites pour 1000 habitants, largement au-dessus de la moyenne suisse de 197 consultations.

Principale explication de ces différences cantonales: l’effet de substitution. «Les cantons dans lesquels le taux de recours aux services d’urgences hospitaliers est élevé enregistrent un taux de recours aux cabinets médicaux plus bas pour les cas d’urgence, et inversement», explique la responsable de l’étude, Clémence Merçay. Parfois, le recours aux services d’urgences hospitaliers est même encouragé par l’organisation du système de santé local, comme à Neuchâtel, où les services de garde médicale sont implantés au sein de l’hôpital.

Il existe quelques cantons pour lesquels les deux formes de consultations d’urgences – garde médicale et hôpital – se révèlent élevées (Tessin, Vaud, Bâle, Fribourg et Jura) et d’autres dans lesquels elles sont particulièrement basses (Nidwald, Appenzell Rhodes-Extérieures et Intérieures). Des habitudes d’ordre culturel pourraient être en jeu, avance Peter Suter, président du Swiss Medical Board. «Dans les cantons de la Suisse orientale et de la Suisse centrale, on a traditionnellement l’image du paysan de montagne robuste qui ne va pas à l’hôpital pour une plaie ouverte.»

À l’inverse, les hôpitaux, notamment les centres universitaires, jouissent d’un haut niveau de confiance parmi la population romande et surtout tessinoise. «Dans ces cantons, on se dit souvent que, quand on a un problème, il vaut mieux se rendre là où on est pris en charge tout de suite, avec les meilleures technologies.»

Davantage de «Walk-in-Clinics»

Augmentation du délai d’attente, risque de voir des patients repartir sans consultation, insatisfaction ou encore violence… François Sarasin, médecin-chef des services des urgences des HUG, a dressé la liste des conséquences négatives d’un engorgement dans une présentation de 2017 sur l’augmentation des consultations ambulatoires aux urgences en Suisse (+32% entre 2007 et 2011).

Comment dans ce contexte assurer la qualité de la prise en charge tout en maintenant les coûts à un niveau acceptable? Peter Suter estime que les cabinets annexes à l’hôpital ou les «Walk-in-Clinics» sans rendez-vous permettent d’évacuer les cas moins critiques des services d’urgences. «Le personnel infirmier effectue un premier tri et les patients sont redirigés vers un cabinet ou un centre dans la même localité, où peuvent exercer des médecins installés et des médecins internes en formation.» Il prône également la centralisation des urgences. «On peut se demander si des urgences à Yverdon ou à Appenzell – à 30 minutes du CHUV ou de l’hôpital de Saint-Gall – doivent être ouvertes toute la nuit, nécessitant la disponibilité d’un personnel médical et soignant qualifié. Ces ressources sont chères et manquent un peu partout en Suisse.»

Selon Jérôme Cosandey, directeur romand d’Avenir Suisse, pour l’organisation du système de santé, il est très utile de connaître la proportion de personnes qui viennent de leur propre initiative aux urgences. Suivant les estimations de l’Obsan, cette part s’élève à environ 88%. «En saisissant bien la demande dans chaque région, on peut optimiser les processus de triage en amont de l’entrée à l’hôpital.»

_______

Une version de cet article réalisé par LargeNetwork est parue dans In Vivo magazine (no 17).

Pour vous abonner à In Vivo au prix de seulement CHF 20.- (dès 20 euros) pour 6 numéros, rendez-vous sur invivomagazine.com.