CULTURE

«AntiTrust»: la charge de Hollywood contre Bill Gates

Le procès Microsoft a inspiré ce long métrage qui sort demain sur les écrans américains, avec Tim Robbins dans le rôle du célèbre milliardaire. C’est AOL-Time Warner, principal concurrent du géant du logiciel, qui a produit le film.

Le film raconte l’histoire de Nurv, une «entreprise monstrueuse dont le pouvoir, l’avarice et la paranoïa ne connaît pas de limite», dit le dossier de presse. Tim Robbins y tient le rôle du patron, qui est aussi l’homme le plus riche du monde. Son nom: Gary Winston. Il habite dans une maison ultra-sophistiquée de la côte Ouest et entend conserver son monopole sur une technologie qui permettra de créer l’appareil électronique universel du futur, qui réunit téléphone, internet, radio et télévision.

Euh, vous faites le rapprochement? Attendez la suite.

Le jeune Milo Hoffmann (Ryan Phillippe), informaticien brillant et idéaliste, s’est rendu célèbre sur le Web grâce à ses talents de développeur. Comme de nombreux étudiants de Stanford, il rêve de travailler pour Nurv. Il n’aura pas besoin de postuler car son idole Gary Winston va directement l’appeler pour lui proposer un job. C’est que le méchant a besoin des talents du gentil pour rester dans la course à la «convergence».

Petit à petit, Milo va comprendre les véritables intentions de Nurv, une entreprise tentaculaire que rien n’arrête. Le monstre n’accepte aucune concurrence et achète (ou tue) tout ce qui pourrait constituer une menace.

«AntiTrust» est le titre de ce long métrage réalisé par Peter Howitt («Sliding Doors») qui sort ce vendredi 12 janvier sur les écrans américains. Côté production, on trouve la Metro Goldwyn Mayer (MGM), filiale de AOL-Time Warner dont le patron Steve Case est un adversaire historique de Bill Gates…

Ni Microsoft, ni son CEO ne sont bien sûr évoqués officiellement comme source d’inspiration. Mais les clins d’œil – déguisés en coïncidences – se succèdent tout au long du film, comme le révèle la bande annonce (disponible ici en basse résolution RealPlayer, et cialis ordering online dans un gros document QuickTime). Le look du méchant, tout d’abord, avec un Tim Robbins à lunettes typées «programmeur californien», mèche mal remise de côté et ces pantalons d’un beige improbable qu’affectionne tant le milliardaire de Redmond.

La bande annonce dévoile aussi cette scène d’une ironie pachydermique: lorsque le jeune Milo visite la somptueuse demeure, on lui fait admirer un tableau numérique, référence aux écrans à plasma installés dans la vraie maison du patron de Microsoft. «Bill Gates n’a-t-il pas un tableau semblable?», demande Milo. «Aucune chance…», répond ironiquement Gary Winston.

Autre provocation: le patron de Sun Microsystem, Scott McNealy, pourfendeur emblématique de Microsoft, apparaît en personne dans le film pour remettre un prix à un programmeur. Ironie toujours, le jeune Milo se spécialise dans le langage Linux, concurrent direct de Windows. L’inventeur de ce langage de programmation, Linus Torvalds, figure d’ailleurs au générique. Il a servi de consultant technique auprès du réalisateur.

A Redmond, au siège de Microsoft, on veut prendre la chose avec humour: «Nous trouvons vraiment regrettable l’attaque personnelle que représente ce film contre… Steve Case!», tente de plaisanter un porte parole de Microsoft dans le Herald Tribune.

Il n’aura pas fallu énormément d’imagination au réalisateur pour transformer Bill Gates en patron de géant du logiciel monopolistique, omnipotent et parano. Avant même d’avoir vu le film, on peut cependant déjà lui reconnaître le talent de transformer la saga judiciaire de Microsoft, avec ses incompréhensibles et interminables rebondissements, en un thriller apparemment vivant et sexy.