generic cialis jelly

Un parlement qui pète le feu

Entre la mise au pilori du loup et le rappel du code vestimentaire en vigueur sous la coupole, nul doute que pour nos élus les vacances ne seront jamais assez longues.

Le Parlement est en forme, visiblement. Des vacances qu’on imagine longues, belles et fructueuses, ont profité, c’est sûr, à nos valeureux élus. Les voilà donc fin prêts à empoigner des dossiers complexes, décisifs pour l’avenir du pays.

Au hasard, le loup. Le Conseil national, contredisant le Conseil des Etats, approuve ainsi une initiative venue naturellement du Valais et souhaitant retirer à l’abominable canidé son statut de sale bête indûment protégée. Avec à l’horizon cette fabuleuse perspective: pouvoir chasser le loup toute l’année.

Signalons tout de même en passant le titre trompeur de l’initiative valaisanne, intitulée «La récréation est terminée!». Alors que chacun aura bien compris que dans la tête des initiants, ce serait plutôt «c’est maintenant qu’on va s’amuser».

Le Conseiller national Yannick Buttet, président de la riante commune de Colombey-les-Trois-Cheminées, a rappelé les arguments ressassés depuis maintenant déjà deux bonnes décennies par les canidophobes de tout poil. On finira donc par le savoir que les moyens de protection des troupeaux sont trop chers, peu efficaces et que les chiens de berger font peur aux touristes, espèce particulièrement craintive, nul ne l’ignore.

Concédons certes qu’en matière d’abattage, Yannick Buttet est un spécialiste reconnu. N’a-t-il pas eu, il y a quelques semaines, les honneurs du Canard Enchaîné, pour avoir demandé dans une motion une hausse des taxes à l’importation pour la viande halal, ainsi que l’obligation de la mention «Saigné sans être étourdi»?

Le Conseil des Etats devra donc se prononcer à nouveau, lui qui avait retoqué cette même initiative, après un débat de très haute tenue. Romulus et Remus avaient été convoqués pour la défense du loup. La délégation valaisanne, en réplique, avait invoqué les mânes de Carthage.

L’écologiste genevois Robert Kramer avait contribué à faire pencher la balance du côté de la bête, en rappelant quelques chiffres: 200 à 300 moutons tués par le loup chaque année, contre 5000 qui crèvent de maladie, d’accidents ou foudroyés dans les alpages.

Il reste néanmoins un bon argument en faveur de la chasse au loup toute l’année, que les députés valaisans ont curieusement omis de mentionner: cet animal n’est pas facile à débusquer. Une autorisation de tir délivrée au début juin pour deux mois n’a ainsi pas permis aux gardes-chasse valaisans de faire mouche. La même mésaventure s’était déjà produite l’automne dernier. Bref, une année entière pour attraper un malheureux loup, ce ne serait vraiment pas du luxe.

Le sujet est d’importance, on le sent bien, et mérite donc, comme tous les grands dossiers, des parlementaires conscients de la noblesse de leur tâche, de la hauteur et du respect attaché à leur fonction. Saluons à cet égard l’initiative courageuse du président du Conseil des Etats, Raphaël Comte, sommant la socialiste Liliane Maury Pasquier de bien vouloir se couvrir les épaules.

C’est le règlement qui le veut, nom de bleu: les hommes ne peuvent siéger qu’en veston-cravate, voire papillon, les femmes en cachant leurs chastes épaules. Elles peuvent venir en burkini si cela leur chante, l’essentiel c’est que les fameuses épaules restent invisibles.

Les arguments des défenseurs de cet intransigeant code vestimentaire sont des plus solides. Le radical Ruedi Noser explique ainsi que pour lui le costard cravate est «beaucoup plus qu’un bout de tissu. Cela reflète la culture du Conseil des États, cette Chambre de Réflexion».

Réfléchir sans cravate ou les épaules nues! On se demande en effet dans quelle tête hirsute de mendiant pouilleux, dans quelle cervelle de vamp des quartiers chauds, une idée aussi folle a bien pu germer.