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Jouer à se faire peur

Un vigneron à la défense, une pianiste à la police et à la justice, sans parler d’un employé de commerce aux finances. Dans un contexte sécuritaire tendu, le nouveau Conseil fédéral semble quand même avoir une drôle d’allure.

Le caporal Parmelin, paraît-il, est un as en matière de sécurité. Mais de sécurité sociale seulement. Il n’entendrait rien à la sécurité tout court. Un peu embêtant pour un chef du Département de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS).

Bon, pour les sports, on s’en tamponne un peu, persuadé, sans doute à tort, que n”importe qui, donc Parmelin, ferait l’affaire. Mais pour le reste… Car cela risquera bien d’être une des tâches du nouveau Conseiller fédéral: adapter l’armée, la protection civile, le renseignement aux nouvelles menaces, aussi nombreuses que diffuses.

Ou comme le résume Le Temps, «échapper aux officiers nostalgiques de l’armée de masse pour construire un instrument de sécurité efficace, qui donne au Conseil fédéral un véritable outil de gestion des crises qui fait encore défaut». Plus facile à dire qu’à faire et autrement délicat que de vinifier du Vinzel. A l’heure où les embrouillaminis sécuritaires se glissent partout.

Tel est le cas, révélé par le Blick et la Tribune de Genève, d’un Kurde irakien condamné à trois ans de prison par le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone pour «soutien à une organisation terroriste et propagande djihadiste sur internet», et néanmoins accrédité à l’ONU par une ONG — la fondation Al-Hakim — dont un des représentants travaille à l’aéroport de Genève…. à la sécurité.

A l’heure aussi où le département militaire refuse de mettre ses casernes à la disposition des requérants d’asile et condamne ainsi des communes à loger leurs réfugiés là où elles ne le souhaitaient pas: dans des abris PC. «Ce sont des conditions d’hébergement d’urgence, non pas un logement digne pour des gens qui fuient des conflits et seront amenés à vivre ici un certain temps», fulmine ainsi le maire de Meyrin.

A l’heure enfin où l’alerte terroriste qui a paralysé et enflammé Genève a surtout fait ressortir une cacophonie monstre entre le canton et les autorités fédérales. Avec un Pierre Maudet affirmant fort qu’en matière de lutte contre le terrorisme, la Confédération «ne prend pas la mesure du problème» et que, dans le contexte actuel, la réduction des postes au service de renseignement n’était rien d’autre qu’ «une plaisanterie». Et un procureur genevois Jornot dans la foulée, pointant l’impréparation des polices du pays lorsqu’il s’agit de faire face à des attentats terroristes, ainsi que la perte de crédibilité des renseignements. Le tout dans un pays de moins en moins serein où une banale chemise paysanne, dite chemise edelweiss, suscite rancœur et polémique. Menace de devenir dans de jeunes têtes vides et des têtes moins jeunes mais pas plus remplies, un symbole identitaire propre à contrebalancer l’activisme d’autres songe-creux, partisans du voile islamique ou de l’aigle noir albanais.

C’est dans cette joyeuse ambiance que nous voilà donc avec un ministre de la Défense et de la protection des populations n’entendant goutte ou presque aux questions de sécurité. On rétorquera que s’agissant de la lutte contre le terrorisme, ce serait plutôt au Département de justice et police de se montrer à la hauteur. Sans doute.

Savoir pourtant que ce département-là est dirigé par une pianiste raffinée et distinguée, ne rassurera que les mélomanes. Par comparaison, on trouverait presque ébouriffant que le nouveau ministre des finances, Ueli Maurer, puisse revendiquer comme formation un apprentissage de commerce et comme expérience professionnelle la direction d’une coopérative agricole.

Les diplômes certes ne remplaceront jamais l’intelligence, le savoir-faire et la débrouillardise. La contre-étiquette des bouteilles produites par le désormais plus célèbre vigneron du pays incitait d’ailleurs à «boire malin, boire du Parmelin». Ça risque quand même d’être un peu juste.