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Le Gripen, un pétard mouillé

Tandis que le Conseil national avalise l’achat d’avions dont personne ou presque ne veut, la campagne pour les votations du 22 septembre finit en eau de boudin. Ou plutôt entre saucisse et radotages.

On assiste donc aux derniers tirs de cartouches en vue des votations du 22 septembre. En fait de munitions, il faudrait plutôt parler de pétards mouillés. Ainsi, aux propos du président de la Société suisse des officiers, le mal nommé et bouillant Denis Froidevaux, selon lequel une armée professionnelle ne saurait se composer que «d’excités commandés par des incapables», que peuvent rétorquer les partisans d’une Suisse sans service militaire obligatoire? Rien sans doute, face à l’inanité de la charge, comme un pet bruyant mais inodore. Sinon un laconique «c’est celui qui dit qui est».

De toute façon, la Suisse militaire parait prête à jouer, et plutôt deux fois qu’une, un de ses rôles préférés: se distinguer de tout le monde, tout en prenant bien soin d’avoir, au moins, une guerre de retard. Autrement dit, bientôt le dernier pays européen à disposer d’une armée de milice, mais refusant obstinément l’option la plus en pointe: les drones armés.

Papi Maurer n’en veut pas, des drones, même si la Confédération s’apprête à en acheter six d’observation aux Israéliens: «Les 22 Gripen sont le moyen le plus performant pour assurer la surveillance et la défense du ciel suisse.» J’ai dit, rompez. Et puis rendez-vous compte, des drones armés, cela supposerait «une base légale» impliquant elle-même «un processus très long». Affreux: l’ennemi à nos portes saurait sûrement, et lâchement, en profiter. Ce sera donc Gripen et baste.

Tant pis si une écrasante majorité de Suisses sont contre l’achat de ce nouvel avion de combat, à 63% — et à 60% contre l’acquisition de tout nouvel avion, quel qu’il soit. Tant pis évidemment aussi pour le référendum attendu de la gauche. Mais zut aussi pour le référendum moins prévisible que menacent de lancer des milieux de droite, souhaitant avant d’acheter tout nouvel appareil s’assurer que «cela est bien nécessaire». Une prudence et des arguments sans doute trop censés pour entamer la boulimie arrogante des casques à boulons et autres excités à galons.

L’autre dernier baroud d’honneur se résume à une affaire de saucisse. D’un côté Ada Marra, de l’autre Christian Lüscher. L’une trouve ça indigeste, l’autre délicieux. Cette fameuse et incompréhensible saucisse à rôtir, dont des affiches placardées partout dans des nos gares et nos rues depuis des mois nous assurait qu’il fallait la libéraliser.

Un bel effort en tout cas était nécessaire pour comprendre le brumeux slogan: la saucisse à rôtir, plat qu’il vaut mieux, comme son nom l’indique, cuire au préalable, s’en trouve, de ce fait, interdite à la vente dans les shops entre 1h et 5h du matin — contrairement au cervelas prêt à manger — et ne le serait plus en cas de oui le 22 septembre à la révision partielle de la loi sur le travail.

Pour Ada Marra. il y aurait tromperie sur la marchandise, pour ne pas dire filouterie de shop, ou hold-up sur le gril: «On la joue rigolote mais en réalité on change la loi sur le travail. C’est un manque de respect pour les employés. Je préfère parler de gens plutôt que de saucisses.» Libérer les saucisses en effet, c’est bien joli, encore faut-il quelqu’un pour les vendre. Et dans l’imaginaire suranné d’une gauche d’avant la crise et déconnectée des nouvelles habitudes de consommation, un bon travailleur est un travailleur qui dort.

Pour Lüscher au contraire, la saucisse symboliserait parfaitement «l’absurdité bureaucratique actuelle» de cette distinction entre plats préparés et à préparer. Avant de lâcher le vrai morceau, d’avouer le coup de génie dû à quelque étincelant fils de pub: «La saucisse parle à l’inconscient alémanique.» Schüblig un jour, schüblig toujours.