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Yvan qui pleure, Oskar qui rit

Tout les sépare mais les campagnes des trublions UDC Freysinger et Perrin pour accéder au Conseil d’Etat ressemblent à des enterrements de vie de garçon.

Yvan et Oscar sont dans un bateau. Pour l’un cela tourne à la galère et pour l’autre au fameux trois mâts, hisse et ho. Entre Freysinger et Perrin pourtant — que tout sépare, que tout oppose, autant mettons que Rambo et Calimero –, il restera au moins cette conjonction: une tentative d’accéder à la notabilité cantonale suprême qui a débouché sur une campagne atypique, ne ressemblant à rien de connu sous nos mornes et gentilles latitudes.

Comme si un UDC au moment de franchir le Rubicon, de passer du rôle de provocateur et de grande gueule à celui, plus taciturne, de magistrat formaté, modéré et responsable, ne pouvait le faire sans cris et fracas. Comme on enterre une vie de garçon, comme on arrose un dépucelage.

Sinon, on l’a dit, Oskar et Yvan ne se ressemblent guère. L’un ne boit pas, une performance dans un biotope plutôt pousse-à-l’arvine, facilité il est vrai par la bonne excuse d’un mauvais cholestérol de nature héréditaire. L’autre ne cache même plus son amour de la dive bouteille: «Si des gens veulent me faire passer pour un ivrogne, qu’y puis-je? Ce que je peux dire, c’est que j’aime déguster un bon whisky pur malt ou un verre d’absinthe de temps en temps et que je ne renoncerai pas à ce plaisir pour la campagne.»

L’un a un fusil sous son lit — au cas où –, l’autre tout un arsenal — sabre compris — partout dans la maison. L’un répond aux attaques par ce qu’il pense être de la poésie ou de l’humour, l’autre par des larmes qu’il revendique. «Oui il m’arrive de pleurer et alors?»

L’un la joue vieux garçon renfermé, l’autre bateleur extraverti — même s’il déteste être traité de «saltimbanque», surtout par un autre monstre de foire comme Couchepin. L’un n’est sûr de rien: «Qui peut dire qu’il sera en bonne santé ou même en vie dans une semaine ou dans quatre ans? Depuis 2010, je me sais fragile, souvent incapable de prendre du recul face aux événements. Je n’ai pas de pare-feu, tout me touche.» L’autre ne craint personne: «J’ai tout mené de front jusqu’à aujourd’hui et je vous garantis que ce succès ne tombe pas du ciel… Nous faire passer pour des idiots, c’est la stratégie habituelle de ceux qui n’ont pas d’arguments.»

On objectera que les psychodrames qui ont marqué les campagnes respectives de Freysinger et Perrin au Conseil d’Etat ne sont pas de leur fait. Que pour Oskar, l’affaire Varone a été un don du ciel qui doit tout à l’impéritie politique et communicative du commandant ramasseur de cailloux. Que Perrin est victime d’une espèce d’acharnement du Matin à vouloir désormais constituer le gouvernement du canton de Neuchâtel depuis la tour du 33, avenue de la gare à Lausanne.

On admettra pourtant que ces gens-là, les Oskar, les Yvan, les populistes, les clowns, les allumés et les bizarres de la politique, bref les UDC, attirent le scandale et la polémique comme d’autres la sympathie et le respect.

On ne sait pas si Perrin sera élu, on ne sait pas quelle sorte de conseiller d’Etat sera Freysinger. Même si le virulent Oskar ne devrait pas trop faire tache dans un canton comme le Valais, au bord de la paranoïa et de la sécession. Et où l’on considère qu’un vote démocratique du peuple suisse, même estampillé de la double majorité, n’est rien d’autre qu’un «oukase de Berne», au prétexte qu’il menacerait quelques intérêts aussi régionaux que privés.

De cette double pantalonnade, de ces deux campagnes menées par deux hommes si dissemblables, des rebondissements qui les ont émaillées — des errances du commandant Varone ouvrant un boulevard à Freysinger, aux attaques du Matin contre la fragilité psychologique de l’inspecteur Perrin –, on pourra tirer du moins une même conclusion. Que décidément les flics ne sont pas faits pour la politique. On n’ajoutera pas qu’elle convient mieux aux malfrats et aux voleurs.