LATITUDES

Ces mères qui cultivent le mimétisme avec leur fille

Le nouveau magazine féminin «Mum» s’adresse à ces couples mère-fille «que rien ne saurait séparer». Difficile de s’y retrouver dans une société où règne une confusion des générations.

Mêmes silhouettes, mêmes coiffures, mêmes vêtements; laquelle est la mère, laquelle est la fille? Les femmes aiment-elles vraiment passer pour les soeurs de leur progéniture? Un magazine français dénommé «Mum» s’autoproclame «premier féminin mères-filles».

Le magazine consacre ses pages à «ces couples que rien ne saurait séparer». Avec leurs filles, les Mums sont invitées à écouter les albums incontournables de Jacno, Miles Kane, Loane ou The Beastie Boys. Les unes et les autres ne résisteront pas à l’achat d’un sac Lancel.

Plus loin, Lolita Lempicka claironne: «Mes filles et moi, c’est l’idylle…» et nous annonce pour la rentrée des accessoires qui risquent de nous faire «craquer». Page suivante, on enterre Freud. «Fini les discordances. Aujourd’hui, la mère devient indispensable à sa fille et réciproquement. Le rejet mère-fille fait partie de l’histoire ancienne», explique un article.

Adresses de boutiques, de restos, d’expos et d’espaces où il fait bon flâner et consommer ensemble se succèdent. Il n’est jusqu’à l’immortalité qui ne s’achète. La preuve avec ce sujet: «Quand la science efface les différences entre les générations», où traitements high-tech et médecine esthétique permettent de lutter efficacement contre les signes du temps…

Bref, tout va pour le mieux dans ce magazine dont l’édito avertit qu’il se veut le reflet de la société. Une société dans laquelle le fossé entre générations semble effectivement avoir laissé place à une forme de complicité, où les frontières entre les différentes étapes de l’existence s’estompent.

On notera au passage qu’un secteur fait exception en maintenant le cloisonnement: l’entreprise. Pour les ressources humaines, on est toujours «encore trop jeune» ou «déjà trop vieux» pour un emploi. Ailleurs, la tendance est au mimétisme générationnel.

Le phénomène est flagrant dans la mode avec des mamans qui jouent à Madonna et Lourdes, ou à ces autres couples star-enfant, figures de proue du phénomène en cours.

Dans «Les filles ont grandi» (Flammarion), Nathalie Azoulai dénonce les dégâts occasionnés par ces femmes qui cultivent le mimétisme avec leurs filles. «Elles les écrasent! En leur prenant ce qu’elles ont de bien — leur style, leur audace, leur désinvolture — tout en l’agrémentant de l’assurance de la femme mûre, elles confortent le modèle de la mère indépassable, indétrônable, c’est un carnage!»

Quelle honte si ma mère avait emprunté mes vêtements, mes vinyles ou mes cialis online express delivery d’adolescente! Avant, il y avait les parents et les enfants, les vieux et les jeunes. Depuis, il est déconseillé de «faire son âge».

«L’exigence d’être soi-même a pris le pas sur l’impératif de faire son âge au point que le fil naturel de l’existence semble être subverti; il faut devenir mature toujours plus tôt et rester jeune toujours plus tard», analysent les auteurs de «tadalafil australia» (Grasset), préoccupés par «le développement durable de la personne». Car, jamais dans l’histoire l’homme n’a paru aussi démuni sur la manière de parcourir le chemin du berceau à la tombe.

Dans les cabinets des psys débarquent des êtres en crise d’identité, en quête de repères. Dans leurs salles d’attente, la lecture de «Mum magazine» renvoie les femmes à un conte de fées dont les héroïnes ne leur ressemblent pas.