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Pierre-Yves à hue, Maillard à dia

Le socialiste vaudois enchaîne les succès dans un contexte sinistre pour la gauche. Ou pourquoi et comment PYM fait poum.

Pauvre Pierre-Yves Maillard. Les fleurs et les louanges pleuvent depuis quelques jours, avec, en sus, le pronostic d’un destin fédéral. Depuis, bien sûr, qu’il a fait passer à 61% son projet de prestations complémentaires pour les familles et de rente-ponts AVS pour les chômeurs en fin de droit.

Dame, un socialiste qui gagne haut la main et avec un projet de gauche encore, la chose apparemment est devenue si rare et si peu croyable qu’aussitôt, dans les rédactions, le branle des encensoirs est à l’oeuvre.

Pourtant qu’apprend-t-on, de source anonyme, relayée par «Le Temps» et supposée proche? Que Pierre-Yves Maillard «habite la politique» et que «la politique l’habite au point que tout le reste tend à s’effacer». Aïe, si c’est vrai, oui, plaignons le pauvre magistrat vaudois, nous qui le croyions, au moins un peu, passionné de football, et sans doute de mille autres choses plus mystérieuses et vraies que la politique.

Mais bon, admettons. Voilà au moins un «politicien de conviction», un type qui «s’est fait tout seul, un homme du peuple, un vrai et qui ne simule pas, à seule fin d’estrade, son empathie pour les petites gens.»

Quand même, et comme tout le monde, Pierre-Yves le Parfait aurait bien un ou deux petits défauts et quelques bons amis pour les cafarder. Cet homme-là supporterait peu la dissidence à l’intérieur du parti, serait entêté comme un troupeau de mules, ou se montrerait trop prudent en matière d’immigration, sans doute son passé de syndicaliste qui l’a rendu attentif d’abord aux besoins des travailleurs locaux.

Quant à ses ennemis, à droite, ils ne manquent pas une occasion de rappeler la méfiance viscérale de PYM pour l’économie, et les mots maladroits qu’il a eus, un jour, pour en fustiger les milieux «créateurs de pauvreté».

Qu’importe au fond. Pierre-Yves Maillard semble bien être un de ces politiciens-trapézistes, toujours à hue et à dia, et donc à peu près insaisissables pour leurs adversaires. Capable d’invoquer la lutte des classes, à hue, et de se révéler, à dia, habile au compromis sauce rösti. Intransigeant sur le maintien des aides sociales, à hue, et partisan responsable d’un assainissement des finances publiques, à dia. Ce qui rend difficile de le taxer aussi bien de gauchisme boutonneux, à hue, que de sociale-traîtrise caractérisée, à dia.

Le tout avec une solide cohérence — il faut dire qu’un type qui a réussi à écœurer Couchepin dans un débat télévisé ne peut être franchement nul. Et une méthode imparable qu’il résume aujourd’hui ainsi: «Il faut opposer des constats empiriques au rouleau compresseur idéologique néo-libéral, afin d’en dévoiler les contradictions.»

Une gauche qui brandit de la bonne réalité bien juteuse, bien saignante au nez d’une droite engoncée dans de grands principes creux, c’est assez rare. On assiste d’habitude plutôt au mouvement contraire, pragmatisme de droite contre catéchisme ânonné de gauche. Avec Maillard c’est un peu la charge de la preuve qui s‘en trouve renversée et c’est ce qui explique sans doute ses succès, son aura.

Alors, PYM au Conseil fédéral? Evident à première vue et pourtant loin de l’être. L’homme à Berne fait peur, passe encore pour un propagandiste syndical échevelé. Et puis surtout, le PS a déjà un candidat idéal, depuis longtemps profilé et adoubé, rongeant déjà les bords du siège de Calmy-Rey. On veut parler bien sûr du fribourgeois Alain Berset. Parlementaire depuis toujours ou presque, élu en 2003, à 31 ans, au cacochyme Conseil des Etats, un type qui a donc eu le temps de faire son trou et surtout n’a pas eu à se salir politiquement les mains, dans de sombres et exécutives besognes. Une sorte de Burkhalter de gauche. Donc quasi déjà élu.

Au lendemain de la victoire sur les prestations complémentaires, raconte Le Temps, PYM et ses frères — des collaborateurs qui furent aussi des compagnons de route –, «au lieu de fêter, travaillaient déjà à leur application».

Sûrement des ragots.