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Un exécutif plus bête que méchant

A coup de petites mesures vexatoires, le nouveau Conseil fédéral semble vouloir se donner à bon marché l’image d’un aréopage de faux durs. Quitte à faire regretter les vrais méchants d’autrefois, genre Couchepin ou Blocher. Commentaire.

Souvenons-nous: 56% de «vieux mecs de droite», 14% de femme — au singulier — et 30 % de «divers». C’est un dessin de Chappatte dans «Le Temps» qui avait établi ce décompte, en décembre 2003, au lendemain de l’élection de Blocher au Conseil fédéral et de l’éviction malotrue de la pimpante Ruth Metzler. Un gouvernement qui paraissait alors épouvantablement ranci et réactionnaire. Avec en son sein un quatuor qui faisait effectivement tout sauf envie — Blocher, Merz, Couchepin, Schmid.

Aujourd’hui, aucun des quatre vieux mecs de droite n’est encore là. Aujourd’hui, le gouvernement fédéral compte, pour la première fois de son histoire, quatre femmes dans ses rangs, deux de gauche, deux du centre. Et que croyez-vous qu’il advint? Eh bien, une bonne et pure politique de vieux mecs de droite, plus «vieux mecs de droite» encore que sous l’ère Couchepin-Blocher. Et cela commence à se voir.

Prenez par exemple Béatrice, de Fribourg, qui clame son indignation dans le courrier des lecteurs de La Liberté. Elle énumère, Béatrice, toute une série de petites mesures vexatoires et qui n’ont l’air justement de ne servir qu’à ça: embêter et chahuter le bon peuple, et l’embêter avec morgue et cynisme, comme à plaisir, pour des économies de chandelle et au nom d’une foi fanatique dans les dogmes néo-libéraux.

Enumérons donc avec Béatrice: «Baisse de la contribution fédérale à l’achat de verres de lunettes», «baisse de la contribution fédérale à l’achat des appareils auditifs» — sûrement pour faire honneur au théorème de Bernard Haller, voulant «qu’au royaume des aveugles, les borgnes sont sourds». Ce n’est pas tout. Cela repart mais dans l’autre sens: «Hausse des tarifs des transports publics», ou encore «projet d’augmentation des taxes d’entrée à l’université».

Concernant la hausse de 10% des transports publics, Doris Leuthard a déjà dit trouver cela «raisonnable». Énoncé par quelqu’un qui voyage depuis plusieurs années gratuitement en première classe — fonction oblige –, cela vaut son pesant de crédibilité et de hauteur de vues.

Certes, il reste quand même au Conseil fédéral un vrai, un seul authentique «vieux mec de droite», Johann Schneider-Ammann. Un grand transparent jusqu’ici, dont on n’ose imaginer qu’à lui tout seul il donne le ton sous la coupole. Même s’il vient d’organiser après seulement 85 jours au gouvernement la traditionnelle conférence de presse des cents jours, au prétexte qu’il avait bien mieux à faire, bien plus important surtout: parader à la grand-messe annuelle de Davos où l’on se congratule entre puissants libres-entrepreneurs et fringants valets politiques.

Mais ce gouvernement là, si âpre dans le rabotage des microprivilèges, donne dans la mollesse et le soporifique lorsqu’il s’exprime. Comme si Burkhalter les avait tous contaminés, en mouche tsé-tsé du coche fédéral. Rien à voir avec les Couchepin et autres Blocher qui, eux, faisaient trembler les murs et n’avaient pas peur de porter la désolation jusque dans les foyers. Mais c’étaient de vrais méchants, assumés, des matois, des rusés, des intelligences au service du plus fort et du plus riche.

Rien de comparable chez leurs successeurs. Comme si cet exécutif était du genre plus bête que méchant. Ce qui expliquerait la petitesse de ses mesures, certes estampillées «vieux mecs de droite» mais surtout sans ambition ni panache. Un aréopage en somme de faux durs qui s’achèteraient à bon marché une réputation d’en avoir.

Tiens, coïncidence, c’est l’ATS qui nous l’apprend, une nouvelle espèce animale a été découverte dans un haut lieu de la suisssitude, le Muotatal schwytzois. Un pseudo-scorpion. A savoir un type d’arachnide «disposant d’une paire de pinces ressemblant à celles des scorpions» mais «sans la queue terminée par un dard». Nom de baptême: «Pseudoblothrus infernus». On ne saurait mieux dire.