Trop de hooligans dans les stades, trop de Couchepin au Palais fédéral. Une fois ce constat posé, que faire, sinon s’agiter en vain?
Le championnat de football de Super League s’achève, on en connaît à peu près le glorieux bilan: 180 matches, 81 blessés dans des bagarres entre supporters. Avec en bonus, la finale de la Coupe à Berne: 10 blessés, 60 arrestations.
Tout le monde est d’accord: ça ne peut plus durer. Le patron de l’armée et des sports, l’impassible Ueli Maurer, y était, à cette fameuse finale. Même si on l’a peu vu, disparaissant au moment de la remise du Graal derrière des nuées bondissantes de Blacks valaisans. Ce qui l’a énervé — pas les Blacks, on veut le croire, mais les blessés.
Il tape donc de son petit poing sur la table: halte au hooliganisme. Et préconise des mesures plutôt costaudes. Comme des amendes survitaminées ou, plus original, une sorte de stigmatisation publique qui rappelle le pilori moyenâgeux: les fauteurs de troubles seraient nommés, montrés, dénoncés, notamment auprès de leurs familles et de leurs employeurs.
Bref, traiter les décervelés du football comme de vulgaires altermondialistes — que certains rêvent, ici et là, de priver de leurs chères cagoules réglementaires. On se gardera évidemment de relever l’étrange similitude capillaire entre les casseurs des stades et les jeunes supporters de l’UDC: elle n’a sûrement pas échappé au perspicace Ueli Maurer.
Lequel émet aussi l’idée aussi d’un «fan pass», une carte qui limiterait l’accès des mauvais garçons au stade. L’Angleterre a parfaitement réussi depuis dix ans à se purger de ce cancer des gazons en pratiquant des prix d’entrée prohibitifs. Résultat: des enceintes désormais peuplées surtout de pères tranquilles, accompagnés d’innocentes marmailles, et de gentlemen flapis.
Solution impraticable en Suisse: sans la présence bruyante et colorée des clubs de supporters, si crétins soient-ils, les stades seraient quasiment vides et sûrement morts. Enfin, la suggestion d’installer des éthylomètres à l’entrée, histoire de filtrer les imbibés, désavantagerait trop certains clubs: le récent vainqueur de la Coupe, pour ne citer que lui, se retrouverait avec une moyenne de spectateurs pas loin du zéro absolu.
Il y a pourtant plus difficile qu’épurer les stades: se débarrasser de Pascal Couchepin. Le conseiller national Stéphane Rossini résume bien la quadrature de l’équation: «Plus on lui dira de partir et plus il restera.»
Pourtant, comme les hooligans, personne n’en veut plus, du grand Pascal, qui ne fait que gâcher la fête, plomber l’ambiance. En affichant un goût de plus en plus marqué pour les décisions impopulaires ou les entêtements suicidaires: la taxe à 30 francs, le refus d’intégrer les médecines parallèles dans l’assurance de base, malgré le plébiscite populaire etc. Ou les faits du Prince, comme la nomination, sans compétences médicales particulières, de son propre secrétaire général à la tête de l’Office fédéral la santé publique.
En attendant un départ que seul le ministre peut décider, le petit monde politique tue le temps en jouant au jeu du successeur. Radical ou PDC? Darbellay? Chassot? Maudet? Burkhalter?
Rien pourtant ne semble arrêter Couchepin, surtout pas les résultats plus que contrastés de sa politique de maîtrise des coûts (15% de hausses des primes annoncés pour 2010, en guise d’apocalyptique apothéose). Bref un Conseiller fédéral à peu près autiste et qui n’écoute plus que lui-même, qui semble avoir perdu toute notion de consensus, de stratégie, d’intérêt général.
Les hooligans, rabâche-t-on, n’ont plus rien à voir avec le football. Et Pascal Couchepin avec la politique?
