LATITUDES

Tous jardiniers, donc tous heureux

Qui n’a pas son potager? De Marion Cotillard à Derek Jarman en passant par Michelle Obama, et vous, et moi, tous les chemins mènent au jardin.

Quelle belle jardinière, Marion Cotillard! En robe bustier en soie de Christian Dior protégée par un tablier à carreaux rouges et blancs, récoltant carottes, aubergines et navets, elle a fait la couverture d’un grand magazine français (Elle, 21.2.09). L’actrice oscarisée a décidé de «vivre autrement» et prône un retour à la terre.

En tenue très glam (petit haut Lanvin, slim noir, bottes laquées), Michelle Obama surfe, elle aussi, sur la vague jardinière. Ses conseillers ont vu juste. En bêchant le potager de la Maison Blanche, la First Lady a conquis les coeurs. Le jardinage a été au coeur des discussions qu’elle a eues avec les autres Premières dames lors de son voyage en Europe.

«C’est la question numéro un que m’ont posée les dirigeants du monde en tant que Première dame. Ils étaient vraiment tous passionnés au sujet de ce jardin», a confié Michelle Obama. «Tout le monde, en passant par le Prince Charles, était enthousiaste à l’idée que nous allions faire un jardin, parce que de nombreux pays croient vraiment en l’importance de planter et cultiver sa propre nourriture», a-t-elle dit. Etonnant que Carla Bruni n’aie pas encore son jardin potager à l’Elysée!

Ce printemps, qui ne se mue pas en jardinier n’est pas tendance. Les librairies accompagnent le mouvement en proposant quantité de titres. «Le nouveau jardin écologique», «Le beau jardin du paresseux», «Le poireau préfère les fraises», «L’art du potager en carrés», «Un jardin sur mon balcon» ou encore «Comment louper son jardin sans complexe», il y en a pour tout le monde.

Cette folle envie de jardiner a un coût: le prix d’un assortiment d’outils de jardinage d’entrée de gamme peut varier du simple au triple. Entre Lausanne et Genève, le magazine «Tout compte fait» (avril 09) a mené son enquête qui permet de jardiner outillé à bon marché. Du râteau au coussin pour genoux, tous les prix y sont comparés. «Ce n’est pas sa taille qui fait la valeur d’un jardin, mais le temps heureux qu’on y consacre», rappelle Julien Perrot dans son édito de «La salamandre» (mars 09).

Des journaux destinés jusqu’ici à des lecteurs «ruraux» sont achetés par les «biobobos». Il est de bon ton aujourd’hui d’abandonner négligemment sur sa méridienne «tadalafil united states» ou, mieux encore, «Landlust», le magazine allemand qui connaît tout soudain un succès fou auprès des citadins.

A voir, dans les boutiques de décoration, la ruée sur les écritoires en forme d’arrosoirs, il se pourrait bien qu’ils vous accueillent avec le message «Nous sommes au jardin» lors de vos prochaines visites à des amis. «Cet été, pour bluffer vos invités, mettez sur la salade ou sur une grillade des fleurs qui se mangent (bourrache, capucine, chrysanthème, etc)», conseille un magazine pour apprentis jardiniers. Lors des invitations estivales, la politesse voudra que vous vous extâsiez sur la tendresse des feuilles de salade récoltées sur le balcon ou des carottes maison tellement meilleures que celles des grandes surfaces.

Françoise Lefebvre, green coach en France, jette un regard amusé sur ce soudain intérêt pour le jardinage: «Maintenant, je suis à la mode, mais pendant mes années d’études, je passais pour une baba cool avec mes recettes et techniques de grand-mère.» Nous voici en plein vintage «jardin et recettes de grand-maman».

Faut-il y voir un effet collatéral de la crise? En France, où «les jardins ouvriers» d’avant-guerre sont devenus «les jardins familiaux» puis «les jardins partagés», le cialis 20mg fta 4st est là: «Nous accueillons de plus en plus de femmes seules, avec enfants. Le jardin familial comme solution à la crise? Il y a quelques années, l’association avait fait des calculs. Le jardin, sur une année, permettait d’économiser l’équivalent d’un SMIG. Pour celui qui s’en occupe sérieusement, bien sûr.»

Désir de retour à la terre, crise de la malbouffe et croissance des loisirs verts, les jardins potagers connaissent un engouement sans précédent. Si, pour affronter la crise, le jardinage n’est pas la solution la plus convaincante, sa faculté consolatrice ne fait guère de doute. «Si tu veux être heureux une heure, enivre-toi. Si tu veux être heureux une année, marie-toi. Si tu veux être heureux toute ta vie, fais du jardin». Un dicton qui évoque certes Candide mais que, plus près de nous, Derek Jarman a mis à l’épreuve.

Dans «cialis used by women», le cinéaste et plasticien anglais écrivait: «Le paradis hante les jardins». A l’heure où des milliers de personnes s’attaquent à leur premier jardin, ce dernier jardin mérite de refleurir.

Jarman fut le créateur de son propre jardin-paradis dans un milieu que beaucoup qualifiaient d’infernal (face à une centrale nucléaire). L’icône de la génération postpunk décide, lorsqu’il apprend sa séropositivité, de bricoler en hâte un jardin dans ce lieu on ne peu plus hostile. Dans le carnet de bord, véritable hymne à la vie, qu’il tiendra jusqu’à sa mort en 1994, on lit: «Ici j’ai trouvé la paix».

Avec le jardinage, 2009 est au bénéfice d’une tendance pacifique, à moins que les nouveaux jardiniers amateurs ne recourent à un arsenal complet de produits phytosanitaires allant du désherbant total à la bombe anti-pucerons, en passant par les fongicides, les tue-mousse et les engrais liquides énergisants.