LATITUDES

Classé X, de l’Utah jusqu’au Jura

Les régions conservatrices achètent davantage de porno que les régions libérales. Une étude de Harvard le démontre.

Quels sont les Etats américains les plus friands de pornographie? Des chercheurs de Harvard Business School ont tenté de le savoir. Benjamin Edelman et son équipe ont analysé les cartes de crédit et les numéros postaux des clients d’un fournisseur connu de pornographie en ligne, entre 2006 et 2008.

Les résultats récoltés sont ébouriffants. Ils viennent d’être publiés dans le «cialis manchester». Le titre de la recherche: « Red Light States: Who Buys Online Adult Entertainment?».

Un premier constat s’impose: on consomme volontiers du porno sur l’ensemble du territoire américain. 36% des internautes visitent au moins un site porno par mois à raison de 11 minutes en moyenne. Des différences sensibles sont néanmoins observées. Elles ne sont pas d’ordre géographique avec une Californie débauchée et une prude côte est. Leur origine est autre.

Pourquoi l’Etat de l’Utah arrive-t-il en tête avec 5,47 consommateurs pour 1000 connections alors que le Montana ferme la marche avec 1,92 consommateurs? L’Utah, ça vous dit quelque chose? Evidemment, c’est Salt Lake City! Un Etat connu pour sa forte communauté mormone.

Selon Edelman, l’hypothèse répressive — l’attrait du fruit défendu — semble se vérifier. Les personnes qui vivent dans des Etats conservateurs achètent davantage de porno que ceux des Etats libéraux. «Bien des gens qui s’insurgent démesurément contre certaines choses sont souvent précisément ceux qui les consomment», commente-t-il.

Les personnes ayant une vie religieuse goûtent davantage à la pornographie que les athées. La Pew Study, une précédente étude, l’avait déjà démontré.

«Des miracles se produisent grâce au pouvoir de Dieu», «Je ne doute pas de l’existence de Dieu», «La prière occupe une part importante de ma vie quotidienne», «J’ai des anciennes valeurs au sujet de la famille et du mariage», «Le sida pourrait être une punition pour un comportement sexuel immoral»… Répondre «oui» à ces questions, c’est augurer d’un penchant accru pour le sexe on-line. A relever cependant, pour la petite histoire, que la plupart des «yes man» ne souscrivent pas leur abonnement un dimanche…

Une autre corrélation peut être établie entre vente de sexe en ligne et conservatisme politique. Ainsi, lors des dernières élections présidentielles, 8 des 10 Etats les plus avides de porno ont voté républicain. Plus frappant encore, la relation entre les 27 Etats qui ont voté pour une interdiction des mariages homosexuels et leur consommation de porno: de 11 % supérieure à la moyenne du reste du pays.

Les souscriptions d’abonnement diminuent avec l’avancée en âge et l’élévation du niveau scolaire. En revanche, elles progressent avec les revenus (un revenu de 1’000 dollars supplémentaires correspond à une augmentation de 0.36% de souscriptions). Mariages et divorces font baisser la consommation. Enfin, les souris des villes cliquent bien plus sur des sites pornos que celles des champs; 38% d’abonnements de plus en milieu urbain que rural. Quant au sexe des consommateurs, il n’a pas retenu l’attention des chercheurs. Des hommes, forcément?

Que découvriraient des chercheurs qui tenteraient de dresser l’équivalent de la carte américaine d’Edelman pour la Suisse et ses cantons? Comme l’Utah, le canton du Jura, occuperait-il la position de plus grand consommateur?

Une trentaine de fonctionnaires jurassiens vient de faire un cadeau bien malvenu à une République qui s’apprête à célébrer son 30ème anniversaire le 20 mars prochain. Ils ont été pris la main sur leur souris occupée à consulter des sites pornographiques sur leur lieu de travail.

Destiné à se comporter en Etat de combat, le Jura n’a pas tardé à oublier sa mission libératrice pour se couler dans le moule helvétique. Les rebelles d’hier se sont fait la belle, laissant place à des fonctionnaires avides de pornographie. «Le conservatisme guette et, dans son sillage, le porno», aurait dit Edelman.