La chaîne de supermarchés Casino vient d’ouvrir son service de covoiturage. Une solution qui répond aux préoccupations écologiques, à la crise et aux difficultés de stationner en ville. Sans parler du prix du pétrole.
Il y a quelques décennies, sur les routes européennes, il exhibait un drapeau suisse pour inciter les automobilistes à le charger. «Cela faisait partie de la culture des auto-stoppeurs. Parfois, on était une vingtaine au bord de la même route. Grâce à mon drapeau suisse, j’étais pris en premier», se souvient notre nouveau conseiller fédéral, Ueli Maurer (L’Hebdo, 11.12.2008).
En Suisse, seuls quelques rares voyageurs souvent peu engageants déposent encore leurs sacs au bord des grands axes et attendent… Dans les régions mal desservies par les transports publics, ils sont un peu plus nombreux. Connus des automobilistes du coin, ils se font charger sans trop de peine pour les quelques kilomètres que leurs parents franchissaient à pied.
L’auto-stop fait référence à une époque révolue. Aujourd’hui, on aperçoit tout au plus un stoppeur fantomatique sur la couverture du «Sacre de l’inutile», un roman loufoque de Thierry Luterbacher, ou de belles auto-stoppeuses pour évoquer, dans la pub de la dernière Volvo V70, les fantasmes de son conducteur.
«Le fait d’arrêter une voiture pour se faire transporter gratuitement»: cette définition de l’auto-stop est entrée en 1938 dans le dictionnaire. En 1989, le mot «covoiturage» faisait son apparition pour désigner «l’utilisation par plusieurs automobilistes et à tour de rôle d’une seule voiture pour effectuer le même trajet». A un mode de déplacement idéaliste et aléatoire succède une démarche plus rationnelle.
Le prix du baril qui oscille, les difficultés à stationner en ville, les bouchons qui s’allongent; voici quelques raisons qui poussent à s’essayer au covoiturage, observe Stéphanie Vincent, auteur d’une thèse sur le sujet. Depuis peu, des considérations écologiques sont venus s’y greffer.
Internet a donné un sérieux coup de pouce au développement du covoiturage. Le Web permet à l’offre et à la demande de se rencontrer et de remplir les voitures. Pas étonnant dès lors que le covoiturage ait été cité en exemple au «Grenelle de l’environnement» en tant que moyen de lutter contre la congestion automobile et ses nuisances.
En France, au baromètre des «écogestes» dont on parle le plus dans les médias, la promotion du covoiturage arrive en tête devant l’isolation du logement.
Jusqu’ici, le service était proposé à la fois par des associations, des entreprises, des opérateurs payants ou des collectivités locales. Un nouvel acteur vient d’apparaître: la chaîne de supermarchés Casino a mis en place un système de covoiturage pour ses clients. Une réponse à la baisse de volumes de ventes enregistrés cette année au profit des enseignes de proximité.
Comment le public réagit-il? Pas facile de changer du jour au lendemain les mentalités. Partager n’est pas un verbe que l’on décline volontiers à la première personne du singulier quand il s’agit de voiture. La crise pourrait bien constituer un précieux stimulus vers un changement.
J’ai voulu tester. J’ai attendu plus de trois jours de pouvoir gagner Mulhouse au moyen de mon inscription sur trois sites. Une seule offre de déplacement, à 23 heures, jusqu’à l’aéroport seulement, m’a découragée. C’est en train que je suis finalement parvenue à destination, après un mini trajet en stop depuis mon domicile jusqu’à à la gare.
Mais il ne faut pas déchanter. Aux Etats-Unis, chezAvego, on imagine la mise en relation entre des conducteurs et des piétons grâce au GPS. En partant, un conducteur indique sa destination. Les piétons en font de même. Une application intégrera trajets et positions GPS respectifs et contactera les personnes impliquées. Le covoiturage de demain.