A l’heure où l’on parle d’interdiction en Suisse, Philip Morris teste une cigarette «outdoor» spécialement conçue pour les marchés où l’on fume désormais en vitesse, à l’extérieur, pendant la pause.
Philip Morris va adapter son offre pour permettre à ses clients de survivre à l’évolution des mœurs. Les fumeurs — à l’âge de leur exclusion des lieux publics et de travail — sont contraints de fumer dans des conditions peu enviables. Au confort d’une cafétéria enfumée succèdent des conditions climatiques parfois rudes: froid, pluie, vent et position debout. Compatissant, le géant américain du tabac vole au secours de ces victimes.
Le cigarettier a mis au point la «snack size», une cigarette qui permettra de raccourcir les pauses spartiates aux pieds des immeubles et éviter les cigarettes à moitié fumées abandonnées sur le trottoir.
Grâce à la «Marlboro Intense», qui contient la même quantité de nicotine dans un produit plus petit, les fumeurs seront mieux armés pour affronter un environnement devenu de plus en plus hostile.
Une cigarette classique mesure 8,5 cm contre 7,2 cm pour la «snack-size». S’il fallait compter 7 minutes pour fumer la première, il en faudra environ 6 pour la seconde. Une minute de gagnée à l’heure de la pause, c’est une économie appréciable pour des fumeurs de plus en plus pressés, à en croire le discours marketing qui accompagne le lancement de la nano clope à la maxi nicotine.
Avant d’envahir la planète entière, la nouveauté est testée depuis novembre 2007 en Turquie. Les réactions ont été immédiates. Les milieux anti-tabac, les organisations de défense des consommateurs, le Croissant Vert et des parlementaires se sont offusqués de cette expérience qui transforme leurs concitoyens, déjà grands fumeurs, en véritables cobayes.
A l’occasion de la Journée contre le cancer, le 4 février dernier, cialis payment mastercard, CEO du Cancer Council australien, a dénoncé cette nouvelle cigarette qualifiée de «tentative évidente et désespérée d’attirer de jeunes fumeurs». Et qui «vise des travailleurs qui ont des pauses brèves à passer à l’extérieur, généralement de jeunes personnes».
Quelles seront les conséquences à long terme pour la santé des jeunes qui débuteront avec cette cigarette «harder, faster and deeper»? Il faudra peut-être des décennies pour obtenir une réponse, mais son contenu ne fait pas de doute. «Il ne sera pas rassurant», estiment les scientifiques déjà interrogés à ce sujet.
Qui se laissera séduire par le discours implicite véhiculé par la mini cigarette? Fumez plus rapidement et intensément et attrapez le cancer plus vite? Raccourcissez votre cigarette et votre espérance de vie?
Qu’en pensent les fumeurs de Suisse romande? Ils ne s’en réjouissent pas, si l’on en croit les propos recueillis devant les bureaux à l’heure de la pause cigarette. Florilège:
«Seuls les non fumeurs se désolent devant des cigarettes inachevées. Pour moi ce qui compte, c’est la présence de ma clope dans ma main pendant quelques minutes…»
«Raccourcir cet objet de rituel n’est vraiment pas une bonne idée. On a intégré cette taille standard, on n’a pas envie d’en changer. Cela nous perturberait.»
«En passant à Marlboro, je tomberais dans l’infidélité. Pas question de changer!»
«C’est pas les cigarettes qui doivent évoluer, on doit exiger des fumoirs décents.»
«Pour pouvoir continuer à fumer «cool», il ne faut pas raccourcir les cigarettes, il faut rallonger les pauses…»