LATITUDES

Enseigner le bonheur aux enfants

Les autorités britanniques introduisent des leçons de bonheur dans le programme scolaire. L’initiative, qualifée d’ «orwellienne» par ses détracteurs, a débouché sur des résultats inattendus.

Une étude menée auprès de classes pilotes met en lumière des résultats paradoxaux. De tels cours déprimeraient les élèves.

Que faire lorsque l’on se retrouve, comme les Britanniques, bons derniers au classement de l’Unicef en matière de «tadalafil raven 20mg» (child well-being)?

Alors que les Suisses se classent sixièmes sur 21 dans ce même classement, les Britanniques ont réagi à leur piètre score en lançant des cours de bonheur.

Pour combattre l’augmentation des dépressions et des comportements antisociaux parmi les jeunes, des leçons de bonheur seront introduites dès cet automne pour les élèves de onze ans des écoles publiques.

Les instituteurs d’outre Manche ont suivi des cours avec le fondateur de «la psychologie positive», le professeur Martin Seligman de l’Université de Pennsylvanie.

Ils utiliseront des méthodes de thérapie du comportement pour aider les enfants à construire leur amour propre, à combattre les pensées négatives, à exprimer leurs émotions, à faire preuve de résilience et d’empathie et à mieux se comporter en classe.

Ed Balls, le Secrétaire à l’Education, vient d’annoncer son intention d’étendre la démarche nommée Seal (the Social and Emotional Aspects of Learning) aux élèves plus âgés dans un avenir proche.

Or tout cela «ressemble fort à une mesure prise en état de panique», commente Alan Smithers, professeur d’éducation à l’Université de Birmingham, dans le Sunday Times, qui se penche sur ce projet très controversé.

Cette expérience psychologique à grande échelle vise à développer «l’intelligence émotionnelle» des enfants et à améliorer la discipline dans les classes. Atteindra-t-elle ses fins? «L’approche peut s’avérer dangereuse et conduire à des résultats contraires au but recherché», met en garde un rapport publié par Carol Craig, une psychologue, directrice du Centre for Confidence and Wellbeing de Glasgow.

«Se focaliser sur soi-même peut déboucher sur une forme d’obsession à s’auto analyser et conduire certains enfants à la dépression», estime l’auteur du rapport.

«Le projet Seal peut convenir à certains enfants, mais contrairement à l’arithmétique ou la grammaire française, si ça ne marche pas, cela génère des problèmes psychologiques (…) Que des instituteurs s’immiscent dans la gestion des émotions des élèves est «orwellien» et une excellente raison de se mobiliser pour contrer ce programme».

D’autres personnalités du monde de la santé s’étonnent de voir le monde politique se lancer dans un projet aussi ambitieux sans avoir procédé préalablement à de sérieuses évaluations.

Comment respecter l’enfant tout en l’éduquant? Comment préserver sa liberté et œuvrer à son épanouissement? Des leçons hebdomadaires de bonheur à la suppression des distributeurs de sucreries* des écoles, la question est l’objet de passes d’armes chez les spécialistes de l’enfance.

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*En ce moment, l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) examine les résultats d’une étude imputant aux sucreries l’hyperactivité croissante des enfants. Ses membres devront décider s’il faut prendre des mesures supplémentaires au sujet des additifs concernés.