LATITUDES

Prothèses des riches, prothèses des pauvres

Nous sommes entrés dans l’ère de l’homme augmenté, symbolisé par les pieds en carbone du sprinter Oscar Pistorius. Et sans parler de ceux en caoutchouc des victimes de mines antipersonnel.

Jusqu’ici, les amputés se retrouvaient automatiquement avec un statut de «handicapé». Ce n’est plus forcément le cas. Equipée d’une mitrailleuse en guise de jambe de bois, Cherry dégomme des morts-vivants dans «genuine cialis online uk», le dernier film de Robert Rodriguez. Pas vraiment invalide, la belle campée par Rose McGowan!

Et que penser d’Oscar Pistorius? Propulsé par des prothèses en carbone, cet athlète sud-africain amputé au-dessous des deux genoux n’en a pas moins réalisé 10’’91 sur 100 m, 21’’58 sur 200 m, 46’’34 sur 400 m. Surnommé «Blade Runner», il a remporté à l’âge de 17 ans des médailles d’or et de bronze au Jeux paralympiques d’Athènes. Et il bat régulièrement des compétiteurs valides.

«Handicapé, pour moi, cela signifie qu’il y a quelque chose que je ne peux pas faire. Or il n’y a rien que je ne puisse faire», déclare le champion. Courra-t-il aux Jeux de Pékin avec les valides? Il en a fait la demande et attend une réponse qui met dans l’embarras la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF).

Les deux échasses de carbone baptisées «Cheetah», guépard, lui permettront peut-être un jour de battre ses adversaires aux pieds en chair et en os.

«Nous devons déterminer si ses prothèses lui confèrent un avantage injuste. Il faut comprendre que nous sommes dans le brouillard. Oscar va nous aider à avancer sur cette question. Peut-être que certaines prothèses seront autorisées, d’autres pas», précise Nick Davies, directeur de la communication de l’IAAF.

Pendant que les membres de la Fédération malmènent leur conscience pour solutionner cette question épineuse, les victimes de mines antipersonnel peinent à trouver quelque chose à accrocher à leurs moignons.

Le pied artificiel «économique» conçu par Sébastien Dubois pourrait venir à leur secours.

Ce jeune designer montréalais vient de remporter, à Copenhague, le premier prix dans la catégorie «Body» d’un concours, Index: Award 2007, destiné à des créateurs qui «facilitent la vie». Son pied artificiel archi-économique aux qualités techniques indéniables ne coûte que 8 dollars.

Le lauréat est très sensible au sort des victimes des 70 pays où l’on trouve des mines antipersonnel. Ces personnes handicapées n’ont souvent pas les moyens de s’offrir des prothèses. «Tout ce qu’elles peuvent acheter, ce sont des trucs bas de gamme, c’est-à-dire des pieds en caoutchouc», commente-t-il. C’est en pensant à elles qu’il a réalisé son pied à ressorts.

Le designer québécois dénonce l’attitude des compagnies qui fabriquent des prothèses pour ce marché «des pauvres». Elles réaliseraient, à l’en croire, d’énormes bénéfices. Les démarches qu’il a entreprises pour la commercialisation de son concept n’ont pas abouti. «Que pensez-vous que m’ont répondu les firmes américaines et allemandes contactées? Elles ne sont absolument pas intéressées par mon produit, qui ne pourrait pas leur offrir autant de profits».

Le jeune homme, 29 ans, ne vendra pas ses prothèses. Il a décidé de transmettre sa technique, avec l’aide de Handicap international, sur place, dans les pays qui en ont le plus besoin.

«La guerre est la meilleure amie des sciences de la prothèse», estime Tom Guth, président du Centre de recherche en prosthétique de San Diego.

La guerre d’Irak aurait donné un coup d’accélérateur aux recherche américaines dans le domaine. Lors des Jeux paralympiques de Londres, en 2012, près de 15% de la délégation américaine sera probablement composée de vétérans des guerres d’Afghanistan et d’Irak. Des hommes bioniques.

L’art de la prothèse n’est pas récent. Le Musée du Caire expose actuellement une medicaments cialis 5mg datant de 1000 à 600 ans av. J.-C.qui porte une prothèse du gros orteil formée de bois et de cuir.

Et il n’est même pas sûr qu’il s’agisse là de la plus ancienne prothèse. Les archéologues signalent que l’Inde antique produisait déjà des jambes artificielles en bois.