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Le milliard des armaillis dans le fleuve Amour

C’est l’histoire d’un milliard de francs que la Suisse avait promis de verser aux nouveaux pays membres de l’Union européenne… Et c’est la première chronique de Nicolas Martin pour Largeur.com.

Un milliard pour les barbares de l’Est? Autant jeter l’argent dans la Vistule, le beau Danube bleu ou même au fond du fleuve Amour.

Le conseiller national UDC Yvan Perrin craint en effet que le milliard que la Suisse est censée verser — dans le cadre des accords bilatéraux — aux nouveaux pays de l’Union européenne n’oblige les armaillis de «cette vache à lait» que serait revenu la Confédération, à bientôt devoir faire l’aumône «jusqu’à Vladivostok». Tant ces gens là, c’est bien connu, ont des appétits de sangsues qui vous pompent la jambe après qu’on leur ait offert le petit orteil.

Si le Conseil national a accepté le principe de ce milliard versé au pays de l’Est, l’UDC, qui promet un référendum, n’est pas seule à grimacer à la simple idée de financer des hordes qu’on peine même à situer: la Pologne, la Hongrie, passe encore, mais l’Estonie, la Slovénie?

Des pays plus ou moins sous la coupe de groupes mafieux — les triades slovaques, vous connaissez? et la camorra lituanienne? sans parler de la terrible église catholique polonaise — et qui exportent sans scrupules ni droit de douanes leurs jolies filles ou leurs vilains plombiers. Atlantistes en plus, pire, aveuglément pro-américains, gravant, comme à Vilnius, des sentences de Bush-le-jeune sur les murs des bâtiments officiels.

Le fait d’avoir de gros kilomètres de frontières ou une proximité nue avec le grand frère russe, de généreuse et douce mémoire, n’est évidemment pas une excuse.

Ainsi PDC et radicaux ont certes accepté de mettre la main au porte-monnaie, mais non sans faire la grimace, pour le principe, en réclamant que ce milliard soit bien un milliard et pas d’avantage et qu’il soit dit clairement où on le prendra. Exactement l’argument de l’UDC pour lancer son référendum.

D’ailleurs, tout ce beau monde voudrait bien se montrer généreux avec les cousins de l’Est mais que voulez-vous, le Conseil fédéral, une fois encore, a salopé le boulot: la pressée Micheline a mal ficelé son paquet et il était évidemment illusoire de compter sur le bon saint Joseph pour nouer la gerbe. Une raison inespérée de ne pas payer ou de payer en chipotant.

A noter qu’il s’est trouvé dans le groupe UDC tout de même cinq hommes de bonne volonté pour finalement voter ce milliard à l’Est, dont le Vaudois Pierre-François Veillon, plutôt mieux inspiré que d’ordinaire et rappelant l’existence, n’engageant certes personne mais historiquement aveuglante, «d’un devoir moral envers ces pays».

A noter aussi, grandes gueules et mémoires courtes, que les popistes Huguenin et Zysiadis, pour qui, à l’égard de l’Est , ce n’est pas de devoir moral qu’il faudrait parler mais de repentance et de sac de cendres — celles des victimes du collectivisme — à se verser sur la tête, ont refusé ce simple geste et ont préféré sans vergogne s’abstenir.

Mieux vaut en effet rester prudent. On est encore loin des rives du fleuve Amour, mais déjà quelques bien vilains canards frappent à la porte de l’Union: la Roumanie et la Bulgarie, horreur et putréfaction, des pays qu’on imagine déjà en haillons crasseux, une sébile malpropre à la main. Là encore, accords bilatéraux obligent, il faudra crachouiller au bassinet.

Un geste difficile: l’obole est un glaire restant facilement coincé dans la gorge de l’armailli, qui semble l’avoir étroite, malgré ses talents reconnus pour le chant et la complainte.

Attablé devant une pizza quatre saisons en compagnie d’un correspondant parlementaire du Temps, l’inspecteur Perrin explique ainsi que ce référendum, l’UDC n’en voulait d’abord pas, et que si elle a changé d’avis, cela n’a rien avoir avec les échéances électorales de 2007 mais tout avec l’enthousiasme pingre de la base et du peuple, réclamant «des feuilles à signer avant même l’annonce du référendum.»

Autrement dit: le soleil se lève peut-être à l’Est, mais quand il s’agit de tendre la main, c’est à l’Ouest qu’on se couche. Et qu’on se couche tôt, hygiène d’armailli oblige.

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Nicolas Martin, journaliste, entame ici une chronique bimensuelle et politique pour Largeur.com.