L’arrivée des flocons dans les villes suisses a été planifiée par plusieurs manifestations, grâce aux canons à neige. La société du spectacle n’épargne pas la météo.
Longtemps réservée aux montagnes, la neige artificielle a fait son apparition en ville. Barbara Teuscher doit en pleurer. L’an dernier, la parlementaire bernoise se scandalisait de l’organisation d’une compétition de ski de fond aux portes du Palais fédéral.
Dans une question au gouvernement, elle demandait des comptes au sujet de «cette manifestation douteuse», «absurde d’un point de vue écologique».
Les canons à neige n’ont pas fini d’asperger les villes de leurs flocons synthétiques. Ainsi, à Düsseldorf qui culmine à 16 mètres d’altitude, quelque 300’000 spectateurs ont assisté, fin octobre, au coup d’envoi de la Coupe du monde 2005-2006 de ski de fond.
C’est un vrai phénomène. La Fédération internationale de ski a créé des épreuves de sprint de ski de fond faciles à implanter dans des sites urbains. C’est d’ailleurs grâce à cette épreuve (1,6 km en individuel) que la Coupe du monde de ski sera organisée, le 15 mars prochain, pour la première fois en Chine, à Changchun.
Les villes suisses ne seront pas épargnées par cette révolution. Mercredi prochain, le 30 novembre, les Lucernois, sans avoir à s’éloigner trop d’un bistrot bien chauffé, découvriront sur l’esplanade de leur prestigieux Centre culturel, la nouvelle discipline olympique qu’est le sprint en ski de fond. Le distributeur Coop sponsorise une tournée dans plusieurs villes suisses.
Plus question d’aller se geler aux abords d’une piste pour voir passer, l’espace de quelques secondes, des concurrents disparaissant aussitôt dans la forêt. Les athlètes se déplacent en ville, sous les yeux de spectateurs conquis par cette proximité.
Les Romands attendront le 19 janvier pour voir, sur la Place de La Planta à Sion, cette installation urbaine d’un nouveau type. Une piste de ski de fond de 500 mètres de long, 20 centimètres d’épaisseur, 9 mètres de large, un écran géant, des tribunes.
La devise de la manifestation: Sport-Snow-Show. Même Guy Debord n’avait pas imaginé une telle «récupération» de la neige par notre société du spectacle…
Sion mène depuis neuf ans une expérience authentic cialis price, dans un genre comparable. Les parents n’ont plus à parcourir des kilomètres pour déposer leurs chérubins dans un jardin des neiges en altitude: le bus sédunois no 2 s’arrête à pied d’œuvre, au Snowgarden, à côté de la patinoire, à deux pas d’un quartier habité par les jeunes familles.
Yves Roduit, ingénieur en électricité, directeur de l’Ecole suisse des sports de neiges de Sion-Sierre, est le concepteur de cette réalisation lauréate du prix de «L’Innovation» en 97 et du «Tourisme 2003». Une aberration écologique ? Pas tout à fait. Les calculs savants d’Yves Roduit lui ont permis de préserver sa conscience écologique.
L’écobilan de son jardin des neiges se révèle très encourageant. «L’addition de toutes les énergies nécessaires au fonctionnement de ce «Snowgarden» durant un hiver représentent 70,6% d’économie par rapport aux déplacements en station de cette clientèle sans compter les gens incités à cette activité par la présence de cette piste», dit-il.
La butte devenue piste de ski est composée des gravats d’un tunnel tout proche et la neige qui la recouvre provient de la récupération de la patinoire qui fait, elle, l’économie d’une fosse à neige. «Tout le monde est gagnant», conclut Yves Roduit.