On l’utilise partout, pour qualifier des produits commerciaux, des événements politiques ou des phénomènes de mode. Depuis la catastrophe de décembre, le mot tsunami déferle dans des contextes qui n’ont rien de sismique. Exemples.
Six mois après la catastrophe du 26 décembre dernier, les médias nous ont submergés de bilans de toutes sortes: état de la reconstruction, prise en charge des orphelins, affectation des dons récoltés, dernier décompte des victimes, etc.
Les conséquences de la vague meurtrière n’ont-elles pas toutes été auscultées? Ne convient-il pas d’oublier — durant six mois — le tsunami d’Asie du Sud-Est pour lui permettre de déferler de plus belle à l’occasion de son premier anniversaire?
Aujourd’hui, c’est vers l’Afrique que s’est tourné le radar médiatique. Et que dit-on de l’Afrique? Qu’un tsunami silencieux la menace. Une menace qui ne concerne pas ses côtes, mais la santé de ses habitants.
Il y a un mois, on qualifiait de tsunami politique le refus français du projet de constitution européenne.
C’est que tsunami (de tsu, «port», et nami, «vague») est devenu métaphorique et charrie des expressions fort dissemblables. Synonyme de «sida» ou de «pauvreté» lorsqu’il est silencieux, le tsunami quitte son sens originel pour apparaître dans des domaines qui lui sont fort éloignés.
Honnêtement, l’an dernier, saviez-vous ce que signifiait «tsunami»? Ce terme, bien que présent dans les dictionnaires, restait confiné au jargon de quelques sismologues.
Or, «tsunami» est en passe de suppléer progressivement le mot «power» pour évoquer la puissance. Piles, rasoirs, céréales, magazines, soutiens gorge, boissons, articles informatiques, fers à repasser ou aspirateurs… Tout et n’importe quoi se devait d’être «power». Jusqu’à l’arrivée de la vague mortifère!
On voit donc apparaître le tsunamisoftware, qui résout tous nos problèmes organisationnels. Fireballs & Tsunami nous transporte dans un univers plus festif avec ses déferlantes de photos. Netsunami DSL solutionne notre connexion à internet.
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Ainsi, de désastreuse dans un premier temps, l’acception de «tsunami» semble s’orienter maintenant vers des horizons moins sombres, évocateurs de puissance, d’efficacité, de plaisir même. N’est-il pas devenu tendance de ne plus éprouver un orgasme mais… un tsunami?