Le rouge fait gagner

Porter du rouge lors d’une compétition sportive augmente sensiblement les chances de succès. C’est la conclusion d’une étude des professeurs Russell Hill et Robert Barton de l’Université de Durham (Grande-Bretagne) sur les résultats, aux Jeux d’Athènes, des épreuves de combat. Elle vient d’être publiée dans la revue britannique Nature.

A la boxe, au tækwondo, à la lutte gréco-romaine et à la lutte libre, les concurrents se font assigner au hasard la couleur rouge ou bleue. Or, les scientifiques ont découvert que le rouge gagnait plus souvent qu’à son tour. Seize des 21 manches ou rounds des disciplines étudiées ont été gagnés par l’adversaire en rouge.

Quid des sports d’équipe? Les auteurs ont mené une étude sur le foot (pendant l’Euro 2004) où les joueurs portaient des maillots de différentes couleurs selon les matches. Or, les cinq équipes étudiées ont toutes marqué davantage de buts lorsqu’elles étaient en rouge.

L’explication? Elle se trouverait inscrite dans la testostérone (l’hormone mâle). Les chercheurs, se référant au monde animal où la coloration rouge est liée à une bonne santé et à l’agressivité, suggèrent que cette couleur pourrait agir également sur le subconscient des êtres humains. Elle placerait psychologiquement l’adversaire en état d’infériorité.

Les hommes ont en effet, depuis longtemps, imité les animaux. Pour la linguiste Annie Mollard-Desfour, auteur du «Dictionnaire des mots et expressions de couleur du XX ème siècle: le rouge» (CNRS), le rouge est une couleur guerrière liée au feu, au sang et à la force. Autrefois, les matières colorantes comme le pourpre ou l’écarlate étaient rares et réservées aux têtes couronnées. Le rouge demeure un signe d’autorité.

Se parer de rouge entraînerait donc une augmentation du taux de testostérone et susciterait, de plus, une sensation d’intimidation chez l’adversaire. Un constat valable pour les seuls mâles, la tendance ne se vérifiant pas chez les femmes.

Le journal «L’Equipe» (28 mai 2005) a interrogé différents sportifs à ce sujet. Steve Savidan, meilleur buteur du Championnat de France se retrouve parfaitement dans la description ci-dessus: «Ca doit surtout être psychologique. Notre maillot est rouge et cette couleur a une connotation sanguine qui peut intimider certains adversaires.» Même constat pour le gardien lyonnais Grégory Coupet: «Je porte un maillot rouge parce que c’est agressif. C’est ce que je dois être dans ma cage.»

Connaissant le penchant superstitieux de bien des sportifs, la question de l’attribution des maillots risque fort de poser problème à l’avenir. Russell Hill et Robert Barton concluent d’ailleurs leur publication en le relevant: «L’implication [de cette étude] dans les règlements concernant les tenues sportives peut être importante.»

La finale de Wimbledon verra-t-elle un Roger Federer de rouge vêtu affronter un adversaire en vert, en bleu ou en blanc?

Quant à d’éventuelles conséquences politiques… L’Armée rouge ne fait certes plus trembler la planète mais la Ligue communiste révolutionnaire, prenant connaissance de cette étude, «s’en réjouit et espère que ce soit pareil pour la politique…»