LATITUDES

Embrouilles et embarras pendant l’hymne national

L’hymne kazakh a été remplacé par la musique du film «Borat» lors d’une cérémonie protocolaire. Cet incident s’ajoute à une longue liste de dérapages. Rétrospective.

Il arrive que Roger Federer laisse couler quelques larmes lorsque retentit l’hymne national suisse. En revanche, c’est un large sourire d’ébahissement qu’a affiché Maria Dmitrienko, une championne de tir kazakhe, lorsqu’en lieu et place de l’hymne de son pays, a été diffusée une parodie extraite du film «Borat». Une histoire de prostituées, «les plus saines de la région»… Cette version satirique avait été téléchargée par erreur sur internet.

L’incident, survenu le mois dernier lors d’une compétition au Koweït, a fait le tour de la planète et provoqué une crise diplomatique. Un couac de plus sur une liste déjà bien longue de situations embarrassantes pour les uns, cocasses pour d’autres, générées lors de cérémonies protocolaires qu’un hymne fait déraper.

L’an passé, un accro similaire s’était produit aux Championnats du monde d’haltérophilie à Paris, où l’hymne kazakh de l’ère soviétique avait été diffusé à la place de l’hymne actuel. Mais balayons devant notre porte, avec des Suisses organisateurs de l’Eurofoot en 2008, qui avaient confondu l’hymne allemand avec l’hymne nazi…

L’hymne national allemand avait été mal sous-titré, les paroles utilisées sous le régime nazi ayant été substituées à celles actuellement en vigueur. Une erreur qui s’est d’ailleurs répétée en 2011, au championnat du monde de canoë-kayak disputé en Hongrie où le «Deutschland über alles» a aussi remplacé l’hymne officiel allemand.

D’autres exemples? C’est un hymne franquiste datant de l’époque pré-républicaine qui a été diffusé pour célébrer la victoire remportée par Alberto Contador au Giro d’Italia, en 2005. En 2009, sur les Champ Elysées, le champion espagnol a eu droit à un hymne danois. Alors que les joueurs de football togolais ont été célébrés à Francfort par un hymne Sud coréen. «Une erreur humaine», a répondu la FIFA.

Des erreurs humaines dont les milieux sportifs n’ont pas le monopole. L’an dernier, la visite d’Etat en Norvège de Doris Leuthard s’est ouverte sur une fausse note. Elle a dû solennellement écouter la fanfare militaire norvégienne interpréter le mauvais hymne national. La présidente de la Confédération a pris le parti de rire de ce couac. Le coupable: l’ambassadeur suisse qui avait livré une mauvaise partition aux musiciens.

Très attachés à leur hymne national, les Américains n’aiment pas qu’on le malmène. Christina Aguilera ou Steven Tyler en ont fait les frais suite à de fausses notes ou des paroles oubliées. Tout récemment, c’est une interprétation pop-rock du groupe The Fray qui a fait scandale. Les interprètes du tube « How to save a life » ont souhaité apporter un peu de douceur lors de la finale de basket universitaire. Bien mal leur en pris; on ne badine pas avec un hymne national que l’on chante la main sur le coeur outre-Atlantique.

Lorsque «God Save the Queen» retentit, le protocole veut que les personnes présentes se lèvent et l’écoutent, les bras le long du corps. Barack Obama l’ignorait certainement. D’où le faux pas du toast porté à la reine Elisabeth II. Le président américain a parlé sur l’hymne britannique tout en levant son verre à la souveraine. Un comportement aussi déplacé que celui des nouveaux champions du monde français de handball qui ne se sont pas mis debout lors de la Marseillaise.

Les exemples d’incidents de ce genre sont légions. Avec un premier ministre, Yves Leterme, qui confond la Brabançonne avec la Marseillaise, la Belgique demeure à la hauteur de ses histoires!

Les organisateurs des prochains Jeux Olympiques de Londres, très à cheval sur la sécurité, ont intérêt à ne pas négliger la préparation des hymnes…