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En altitude aussi, le virage numérique devient indispensable

Un fonds a été mis en place pour encourager les PME des régions de montagne à développer leurs compétences dans les nouvelles technologies. La mesure permet le financement de formations continues jusqu’à 10’000 francs.

Une version de cet article réalisé par LargeNetwork est parue dans PME Magazine.

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«Nous nous trouvons à l’écart des principaux axes de circulation. Nous devons donc nous distinguer par la voie numérique, en étant facilement accessibles au moins sur Internet!» Heinz Tschiemer résume bien la situation des PME des régions de montagne. A la tête de Bernatone Alphornbau, une PME familiale basée à Habkern (BE) qui fabrique notamment des cors des Alpes, il n’est pas seulement confronté aux difficultés climatiques mais aussi à l’évolution des pratiques de sa clientèle, et doit s’adapter à la transformation numérique afin de conserver (et acquérir) des parts de marché.

C’est pour répondre à ce défi que l’Aide Suisse aux Montagnards (ASM), principale organisation de soutien aux populations des régions d’altitude, a débloqué un fonds de 500’000 francs en octobre dernier. La somme est destinée aux PME comptant jusqu’à 50 employés et basées dans les zones de montagne telles que définies par l’Office fédéral de l’agriculture. Ce sont les entreprises de près de 1000 communes suisses qui sont concernées par ce coup de pouce disponible jusqu’à fin 2021. Un plafond a été fixé à 10’000 francs d’aide par société.

4000 cours disponibles

Ce montant permet aux PME ciblées de faire financer à hauteur de 50% des frais de formation continue dans le domaine numérique. Création et maintenance d’un site internet, réalisation d’une boutique en ligne, initiation ou approfondissement de connaissances en bureautique ou encore utilisation des réseaux sociaux, les possibilités sont nombreuses. En tout, près de 4000 cours sont proposés. «Les personnes vivant dans les zones de montagne sont désavantagées en matière de formation continue, estime Raphael Jaquet, chef de projet au sein de l’ASM. L’offre y est nettement moins développée que dans les vallées. De plus, les longues distances qui doivent être parcourues pour se rendre dans la vallée afin de s’y former constituent souvent un obstacle à l’achèvement du cursus.»

Le projet a été mis en place en partenariat avec la Fédération suisse pour la formation continue (FSEA). Un entrepreneur intéressé obtient d’abord un bon de réduction de 50% auprès de l’ASM. Il peut ensuite directement le faire valoir sur la plateforme de la FSEA lors de l’inscription à un cours. «Il est également dans notre intérêt de soutenir les régions périphériques et d’y promouvoir la formation continue, souligne Ronald Schenkel, porte-parole de la FSEA. Nous poursuivons depuis un certain temps l’objectif d’encourager spécifiquement les PME à entreprendre des cursus de formation. Dans les régions de montagne, on trouve essentiellement des petites et des microentreprises. Cette démarche de soutien est donc en pleine cohérence avec notre vision.»

 Tous concernés par la numérisation

Depuis le lancement de l’offre, seule une PME suisse-romande s’est montrée intéressée. Il s’agit de l’Office de tourisme de Nendaz, dont la responsable du marketing Annick Constantin suit actuellement un cursus en marketing digital pour le secteur touristique (voir encadré). «Notre institution est historiquement mieux implantée en Suisse alémanique», reconnaît Raphael Jaquet de l’ASM.

D’après les observations de l’expert, «aucun secteur n’est épargné par la numérisation». De la construction à l’artisanat en passant par le commerce de détail, tous les entrepreneurs voient un intérêt à se former dans le domaine numérique. Les besoins sont naturellement différents selon les secteurs: certains veulent en savoir plus sur la création de sites web et de boutiques en ligne pour faire leur promotion, alors que d’autres veulent acquérir des compétences en informatique industrielle et analytique afin de développer leur activité.

Les premiers chiffres liés à cette mesure montrent que les formations en marketing numérique sont particulièrement prisées. «Cela n’est pas surprenant si l’on considère que le tourisme est une source importante de revenus dans de nombreuses régions de montagne, directement ou indirectement», observe Raphael Jaquet. «Dans de nombreux offices du tourisme, la taille des structures et les moyens financiers limités ne permettent pas l’engagement de spécialistes dans un domaine précis du marketing», expose Annick Constantin, de l’office de tourisme de Nendaz. Ainsi, dans ce domaine, les équipes sont souvent composées de collaborateurs dotés d’un profil de généraliste. La formation et le développement de compétences spécifiques deviennent alors primordiaux.

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«Une formation qui m’a permis d’optimiser les coûts»

 Heinz Tschiemer, directeur de Bernatone Alphornbau à Habkern (BE)

Bernatone Alphornbau est une petite entreprise familiale et polyvalente. Si son activité principale est la fabrication de cors des Alpes de haute qualité, elle exploite aussi une scierie – où est affiné le bois servant à la production des instruments – ainsi qu’une ferme de montagne, où sont fabriquées diverses variétés de fromages. Heinz Tschiemer, sa femme et son père se partagent le travail. Située à Habkern, près du lac de Brienz dans les Alpes bernoises, la microentreprise souffre de son isolement. Mais elle est très attachée à son site puisque ses cors des Alpes ne peuvent être fabriqués qu’avec du bois d’épicéa indigène provenant des forêts alentours.

Heinz Tschiemer a bénéficié de l’offre de l’Aide suisse aux montagnards pour entreprendre une formation en création et en maintenance de site Internet sur WordPress. «Nous devions de toute façon refaire notre site. Cela m’a motivé à en apprendre davantage sur le sujet.» Avec cette formation courte qui s’est étalée sur quatre après-midi à l’automne dernier, il peut maintenant être autonome dans la gestion de son site web. Plus besoin d’engager quelqu’un pour le faire à sa place. «Cela permet d’optimiser les coûts et de traiter les informations nécessaires avec plus de souplesse. Je peux ainsi vérifier le résultat de chacune de mes actions moi-même.» Depuis que le site a été reconstruit, il a fallu un peu de temps à la PME avant d’atteindre la même fréquentation. Mais aujourd’hui, le nombre de visiteurs ne cesse d’augmenter.

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«Mieux juger la performance de notre marketing»

Annick Constantin, responsable marketing de Nendaz Tourisme

«Depuis plusieurs années, nous investissons des montants de plus en plus importants dans la communication et le marketing digital, témoigne Annick Constantin, responsable marketing chez Nendaz Tourisme. Ces domaines se développant très rapidement, il est primordial de rester toujours informé sur les tendances et les évolutions possibles.» En septembre dernier, la jeune femme a ainsi entamé une formation continue en marketing digital à la HES-SO Valais de Sierre.

Bien que Nendaz bénéficie d’une bonne notoriété, le travail de promotion et de fidélisation des touristes reste important. «Dans de nombreux offices du tourisme, la taille des structures et les moyens financiers ne permettent pas l’engagement de spécialistes dans un domaine précis du marketing.» Ainsi, dans ce secteur, les équipes sont souvent composées de collaborateurs dotés d’un profil généraliste. La formation et le développement de compétences spécifiques deviennent alors primordiaux. Un enjeu de taille reste la vitesse importante à laquelle évoluent les outils de marketing digital.

Une difficulté accentuée par le fait qu’un office du tourisme de l’ampleur de celui de Nendaz est actif à l’échelle internationale. «Les envies et besoins des clients varient en fonction du pays et des publics ciblés. Les moyens de communication à utiliser pour les atteindre évoluent également. Il est donc indispensable de rester informé de ces nouvelles tendances afin de les intégrer à nos activités quotidiennes.» De plus, comme l’office du tourisme ne vend que rarement des produits ou des prestations, il est difficile d’avoir un retour sur investissement et de connaître réellement l’impact sur la fréquentation d’une promotion. «A cause du manque de chiffres permettant de quantifier ces actions, il est important de connaître et de développer d’autres indicateurs de succès permettant de mieux juger la performance de notre marketing.»

La formation que suit Annick Constantin prendra fin en juin. Avec son équipe, elle a déjà pu adapter la stratégie digitale de l’institution et commencé à chercher des solutions pour les différentes problématiques rencontrées. Autre attrait de la formation, la possibilité d’échanger avec d’autres acteurs du tourisme sur ces questions numériques. «Un point très enrichissant!»

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«Identifier les processus qui doivent être numérisés»

Rahel Gemmet, directrice adjointe des Moulins du Rhône à Naters (VS)

L’entreprise Augsburger Frères est le seul moulin alimentaire en Valais. Etablie à Naters (VS), la PME, plus connue sous le nom Les Moulins du Rhône, occupe douze employés et couvre une part de marché d’environ 1,5% dans le secteur de la production de céréales en Suisse (chiffre 2016). Spécialisés dans le seigle, les Moulins du Rhône proposent différents types de farines, des semoules de blé dur pour fabriquer des pâtes ou encore des produits fourragers. Rahel Gemmet, directrice adjointe de la PME, a entamé en février de cette année un CAS en Industrial Business Engineering à la Haute école spécialisée à distance de Brigue.

Ce cursus se concentre sur les aspects commerciaux de la production industrielle, dans le but de modéliser de nouveaux processus commerciaux numériques. «Le défi consiste à déterminer quels secteurs et processus de notre industrie – et d’autres secteurs économiques – peuvent et doivent être numérisés.» D’une part, la numérisation permet de modifier les processus de travail à l’interne, à l’aide de capteurs et d’appareils mobiles. D’autre part, l’accès et la relation aux clients est en train d’évoluer, en raison de nouveaux modèles d’affaires partiellement numériques.» La formation que suit Rahel Gemmet prendra fin en été 2019. Il est cependant encore trop tôt pour elle pour faire le bilan et déterminer comment appliquer ces nouvelles connaissances au développement de l’activité de sa PME.