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Zurich, ville de dengue

Des moustiques-tigres qui débarquent, des activistes qui se couchent par terre, une start-up active dans le tourisme et qui touche le pactole: les paradoxes de la lutte contre le réchauffement climatique se sont concentrés en quelques jours sur les bords de la Limmat.

Il s’en passe de belles à Zurich. Prenez les moustiques-tigres. On en a trouvé dans le quartier de Wollishofen. «Pas de panique» tel est en gros le message des autorités. Ce charmant insecte, il est vrai, ne peut guère transmettre que la dengue et le chikungunya.

Mais Zurich, sachons-le, est bien défendue. Outre le transport maritime de marchandises et les migrations, une des causes de l’expansion de cette espèce, originaire du sud-est asiatique, reste ce bon vieux réchauffement climatique. Or, déferlant sur la métropole alémanique, aussi compacts et virulents que des moustiques-tigres, des activistes pro-climat ont pris d’assaut, à quelques jours d’intervalle, le siège de Credit Suisse et l’aéroport.

Cela s’est mal passé pour ceux qui ont tenté, couchés et enchaînés sur le sol, de bloquer l’entrée de la banque. Au motif de son implication présumée dans le réchauffement par des investissements massifs dans les énergies fossiles.

C’est toujours une mauvaise idée, en Suisse, d’outrager une banque. Chacun ses sanctuaires, n’est-ce pas? Pour une fois rapide comme la foudre, Dame Justice a condamné ceux qui ont pu être arrêtés à des sanctions immédiates, du genre deux mois de prison avec sursis ou soixante jours-amendes. Certains s’en sont plaints dans les médias, dénonçant un traitement judiciaire disproportionné.

On ne voudrait pas jouer les briseurs d’ambiance, mais il est à craindre qu’il faille sans doute prendre des risques autrement plus audacieux et essuyer des condamnations autrement plus féroces pour faire réellement avancer la cause du climat. On a rarement vue une cause juste finir par triompher sans quelques martyrs. Pour renverser l’empire romain les chrétiens ont dû commencer par servir de casse-croûte aux lions.

Or ce qui est à renverser ici semble plus granitique que toutes les Rome impériales: notre inertie découlant d’une appétence qui ne se démentira pas pour un niveau de vie et des habitudes auxquelles rien ne semble pouvoir nous faire renoncer. Avec en toile de fond une économie qui ne carbure qu’à la croissance. Redisons-le: se coucher par terre risque de ne pas suffire.

C’est encore pire avec ce qui s’est passé à l’aéroport de Zurich. Les militants, là aussi, se sont couchés par terre – c’est une manie – mais sans heurts ni arrestations. Ils ont pu déployer leurs slogans «No flight, feel alright» et «Flugstreik». Avec cette explication sur dépliant distribuée aux passagers: «Le transport aérien est l’un des contributeurs aux émissions de gaz à effet de serre qui grandissent le plus vite. Bien que seulement 5% de la population mondiale soit déjà montée dans un avion, les conséquences sur le climat sont énormes. Ce privilège nous coûte cher!»

Imparable. Sauf que pendant ce temps la vénérable Neue Zürcher Zeitung nous apprenait quoi? Que des petits génies de l’École polytechnique fédérale de Zurich venaient de toucher le pactole grâce à une star-up-initiée dix ans plus tôt: 500 millions de dollars d’investissement et une revalorisation de 1 milliard. Son nom: Get Your Guide. Son principe: une plateforme internet qui propose plus de 50’000 activités et visites sur près de 7500 destinations. Bref, des voyages uniques et personnalisés dans le monde entier. Les moustiques-tigres en vrombissent de satisfaction.