LATITUDES

Des objets fous à portée de clic

Une cabane dans les arbres, un téléphone de Tsar ou plutôt un skate aéroglisseur? Vous pouvez acheter tout cela sur le Net. Voici déjà le catalogue.

«Le catalogue de vos rêves»… Avec un titre aussi ambitieux, ce pavé de 500 pages récemment paru chez Hachette devait forcément éveiller ma curiosité. Un catalogue onirique, vraiment? Il s’agit en fait d’un répertoire de 3’000 trouvailles à vendre sur le Net, soit autant de «rêves mis à la portée d’un clic de souris», nous promet la pub.

Examinons. Les objets ont été répartis en quatre catégories: «mythique» (l’Opinel, le Zippo, le Jacuzzi), «esthétique» (les Philippe Starck, les Marc Newson et les autres), «technologique» (parce que le rêve se nourrit souvent de high tech) et enfin «insolite» (sur les traces de Boris Vian, les auteurs sont partis en quête de pistolets à gaufre, ratatine-ordures et tourniquettes à vinaigrette des temps modernes).

Ce pavé revendique comme ancêtre le célèbre catalogue de la Manufacture française (Manufrance), énorme parution annuelle qui, dès le début du XXème siècle, présentait au chaland des milliers d’objets du quotidien. Son descendant s’en démarque par la couleur, la provenance internationale des produits et, évidemment, la mention des sites où l’on peut les acheter.

D’emblée, les quatre rubriques dans lesquelles les rêves y sont présentés – maison, mode, high-tech, sport et loisirs – laissent clairement entendre qu’il s’agit plus du défilé d’un siècle de design et d’inventions que d’un inventaire surréaliste de rêves aux contenus transgressifs.

Cela dit, l’ouvrage réserve quelques surprises. Ça commence plutôt bien avec des cabanes dans les arbres qui ont réveillé mes rêves de petite fille. Un constructeur écossais propose de véritables résidences pour adultes à plusieurs mètres du sol (Peartreehouse.com). Dans un autre genre, la maison tournante, que l’on peut déplacer manuellement au gré des saisons pour suivre le soleil, n’est pas mal non plus (Domespace.com).

Les 250 pages qui suivent, consacrées à la maison, ne diffèrent pas vraiment d’un traditionnel tadalafil 2mg Alessi. Les sites suisses y sont plus que discrets. Un matelas Swissflex et un siège «gant de boxe» de Sede sont les seuls rescapés de la production helvétique.

Au fil des pages, mon regard s’est reposé sur un coussin hypermoëlleux en forme de torse d’homme (de Marion), sur une délicieuse baignoire bleue réalisée en fonte de porcelaine selon une tradition qui date de 1823 (Aston Matthews) et sur les sièges Springfield, ces mythiques fauteuils rouges cinéma (Irwin Seating).

Ce sont incontestablement les pages high-tech qui donnent très soudainement envie d’acheter des choses dont on ne soupçonnait même pas l’existence. Ainsi ce «Freestyler Board», un surf électronique équipé de capteurs d’inclinaison, à brancher sur une PlayStation et dont les sauts et les figures se commandent sur la manette (Thrust Master).

Selon certaines études de marché autorisées, la firme suédoise Anoto devrait vendre à des millions d’exemplaires son stylo capable de lire l’écriture manuscrite et d’en mémoriser plusieurs pages grâce à une caméra infrarouge, un microprocesseur et une mémoire électronique (Anoto.com).

S’il ne coûtait si cher (4’603 euros), j’aurais craqué pour le Truth Phone, un téléphone utilisé par les services d’espionnage, censé détecter les mensonges en évaluant le taux de stress dans la voix de l’interlocuteur (Spyzone.com).

Seul article russe rencontré, une copie du téléphone mural que possédait le dernier tsar, Nicolas Ier, en bois et en cuivre, souvent utilisée dans les décors de cinéma (tadalafil australia buy).

On s’embarquerait volontiers dans le Yellow Submarine (WaterGames.com) ou sur le Hoverboard, cet aéroglisseur au format d’un skate, véritable tapis volant qui a servi aux effets spéciaux du film «Retour vers le futur» (FutureHorizons.net).

Les prix? De moins de 10 francs suisses pour des sachets d’effluves à glisser sous l’oeiller (deux à trois mois de rêves parfumés avec Muji) jusqu’à 80 millions pour le nec plus ultra des avions d’affaires à réaction, le Global Express de Bombardier.

On a compris qu’à quelques rares exceptions près, ce catalogue est plutôt une tentative d’«onirisation» de notre univers matériel qu’une matérialisation de nos songes. Mais on s’y attendait un peu.