LATITUDES

Quand vous mentez, votre corps vous trahit

Deux scientifiques américains présenteront cette semaine les résultats d’une recherche étonnante: ils ont découvert que le nez s’allongeait vraiment pendant le mensonge. L’information a fait la Une du «Sunday Times».

L’information figurait ce matin en première page du Sunday Times. En lisant l’article, j’ai d’abord cru à un canular. Des chercheurs américains ont détecté une réaction physiologique bien particulière chez les individus qui profèrent des mensonges: leur nez s’allonge. De quelques fractions de millimètre.

Trop content d’annoncer cette nouvelle en exclusivité, le journal britannique n’allait pas manquer la référence littéraire: «Pinocchio, tu n’es pas seul», écrivait-il. L’information ressemble à un mauvais gag. Elle paraît pourtant étayée par des observations scientifiques.

L’étude de Charles Wolf, de l’Université de l’Illinois, et d’Alan Hirsch, de la Smell and Taste Foundation, démontre que les tissus nasaux se gorgent de sang et enflent légèrement pendant le mensonge. Ce phénomène n’est pas visible à l’oeil nu, mais il provoque un picotement chez le sujet, lequel se trahira en se grattant le nez.

Histoire d’offrir le plus grand retentissement à leur découverte, qui sera présentée cette semaine lors du meeting annuel de l’American Psychiatric Association, les deux chercheurs ont aussi analysé l’enregistrement vidéo de la déposition de Bill Clinton devant le grand jury.

Interrogé sur la nature de sa relation avec Monica Lewinsky, le président donnait, selon eux, de nombreux signes de mensonge: à plusieurs reprises, il se grattait le nez. Et la fréquence de ses grattements de nez s’est avérée nettement plus élevée pendant les déclarations mensongères que lorsqu’il disait la vérité.

Le Dr Alan Hirsch avait déjà publié des recherches sur l’extension des tissus nasaux des sujets soumis à une excitation sexuelle. Ses dernières études l’ont convaincu qu’un phénomène similaire se déclenchait lors du mensonge, indique le «Sunday Times».

Le picotement du nez fait partie d’une série de 23 indicateurs détectés par Hirsch et Wolf auprès des personnes qui mentent. Parmi les autres symptômes, les chercheurs mentionnent des mouvements du corps vers l’avant, des lapsus et des regards de côté.