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Le prof qui a sauvé les échanges linguistiques

Depuis la fermeture du Centre des échanges et séjours linguistiques par le Conseil d’Etat genevois, Pierre Bickel se bat pour continuer de proposer des programmes en immersion pour les adolescents.

Pierre Bickel ne veut plus polémiquer. L’an dernier, ce remuant enseignant genevois a tout tenté pour sauver le Centre des échanges et séjours linguistiques (Cesel) de Genève, dont il s’est occupé durant sept ans. Cette structure permettait à des élèves du secondaire I et II d’effectuer, à des tarifs abordables, des échanges linguistiques en immersion dans une famille en Suisse ou à l’étranger pour apprendre l’allemand, l’anglais, l’espagnol ou l’italien, et d’accueillir ensuite un partenaire chez eux. Elle a fermé en juillet 2014 sur décision du Conseil d’Etat genevois, pour des raisons budgétaires. Pierre Bickel a beau avoir alerté médias et politiciens pour faire pression sur le gouvernement cantonal, rien n’y a fait.

«Je suis plus que déçu, mais désormais j’ai décidé de concentrer mon énergie pour aider les élèves», explique le professeur. Avec le soutien de plusieurs collègues, il a alors créé en automne dernier, par ses propres moyens, un clone du Cesel: l’Association romande pour les échanges linguistiques (Arpel). «Je ne voulais pas perdre le savoir-faire et les contacts acquis dans le cadre du Cesel, en particulier en ce qui concerne les destinations anglosaxonnes.» Parmi les organismes du même type en Suisse romande, le Cesel était le seul à proposer des échanges linguistiques pour des pays anglophones et de nombreux élèves non genevois en profitaient.

Pierre Bickel a convaincu les anciens partenaires du Cesel de le suivre, ce qui lui permet de fournir pratiquement les mêmes prestations que l’ancien centre genevois. Son association organise des échanges de huit à onze semaines en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Canada et en Allemagne. «Nous avons conservé l’anglais et l’allemand, mais laissé tomber l’italien et l’espagnol, trop peu rentables.» Tous les élèves romands âgés de 14 à 17 ans, qu’ils soient scolarisés dans une école publique ou privée, peuvent se porter candidats. Pour partir, il faut obtenir l’accord de son établissement, car la spécificité de ces échanges est que les participants suivent des cours dans l’école de leur binôme, et vice versa. «Il ne s’agit pas de vacances!»

Ce qui a poussé Pierre Bickel à donner une deuxième vie au Cesel, c’est qu’il offrait aux élèves «de vrais échanges culturels»: «Le fait que les jeunes se rendent dans l’école de leur partenaire et non pas dans un institut avec d’autres étudiants en langues crée une immersion totale. De plus, les échanges sont basés sur le principe de la réciprocité entre les familles d’accueil, ce qui assure la qualité.» Autre argument: comme les voyages sont intégrés aux cursus scolaires, il n’est pas nécessaire de sacrifier une année. «Enfin, les écoles de langues sont beaucoup plus chères.»

Les prix de l’association du Genevois, justement, sont un peu plus élevés que ceux du Cesel. «Il faut compter entre 200 et 400 francs de plus par élève.» Un séjour de neuf semaines en Nouvelle-Zélande coûte 3800 francs. «Les parents ne paient normalement que le voyage et l’accompagnement. Mais comme nous ne touchons aucune aide publique, il a fallu ajouter un supplément pour les frais d’administration, qui étaient auparavant pris en charge par l’Etat de Genève.»

Epaulé par une secrétaire quasiment bénévole, Pierre Bickel doit tout gérer lui-même, du dépliant de présentation au site web en passant par l’organisation des échanges. «Actuellement, j’y consacre environ une heure par jour. Quand tous les dossiers d’inscription seront arrivés à la mi-mars, il faudra réaliser un entretien de quinze minutes avec chaque élève.»

Qu’en est-il des fonds de départ? «J’ai tout avancé de ma poche. Le site internet a été conçu par mon fils. Les billets d’avion constituent le poste de dépense le plus important. J’ai effectué une centaine de préréservations au mois de décembre, pour lesquelles j’ai dû déposer 15 000 francs de garantie. J’espère récupérer ma mise. Pour cela, il me faudrait idéalement une centaine d’inscriptions. Je dois en être à vingt. C’est un pari!»

Le but de l’enseignant n’est pas de gagner de l’argent, mais de «transformer l’Arpel en une structure institutionnelle au niveau romand d’ici à un à deux ans». «Je sers de passerelle. Se reposer entièrement sur le bénévolat, je ne pense pas que ce soit viable à long terme.»
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Une version de cet article est parue dans L’Hebdo.