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Révolution 2.0 dans les EMS romands

Skype, Facebook, Wikipédia… Dans les maisons pour personnes âgées, de plus en plus de résidents utilisent le Web. Exemples à Pully.

Si grand-papa et grand-maman regardent toujours d’un air perplexe leurs petits-enfants tapoter sur Facebook, une chose a changé: ils veulent s’y mettre. Les Journées Connect Seniors, qui débutent aujourd’hui à Morges (VD), en sont la preuve, en proposant par exemple des démonstrations de tablettes aux retraités. Les nouvelles technologies ont en effet envahi le quotidien de ces derniers. Et ce, jusque dans les EMS.

Le hall principal de l’EMS Pré-de-la-Tour, situé sur la place Neuve de Pully (VD), laisse deviner ce rôle croissant que joue la technologie, et en particulier Internet, dans les institutions pour personnes âgées. Parmi les 121 résidents des trois bâtiments connectés au wi-fi que compte la Fondation Pré-Pariset, 18 utilisent Internet de manière autonome ou avec l’aide du personnel d’animation. «Depuis environ cinq ans, toujours plus de nouveaux résidents arrivent avec des tablettes, des ordinateurs portables et des smartphones. La preuve? L’an dernier, j’ai reçu le premier e-mail d’une résidente qui me remerciait pour l’organisation de la fête de Noël. Cela m’a fait quelque chose», explique Pierre Berthet, directeur de la Fondation et membre du comité exécutif de l’Association vaudoise d’établissements médico-sociaux.

Photos de vacances

C’est le cas de Geneviève Fasel, 76 ans, qui a rejoint l’EMS en janvier 2012 suite à des problèmes de santé qui l’empêchent de marcher. Son ordinateur est toujours stocké dans l’armoire, parce qu’il prendrait trop de place dans sa chambre. Mais cette élégante grand-mère surfe tous les jours sur son iPad et son iPhone. «Surtout pour WhatsApp qui me permet de communiquer instantanément avec ma famille. Mes enfants m’envoient leurs photos de vacances, j’ai l’impression de les vivre avec eux, je sais ce qu’ils ont mangé…» raconte la septuagénaire.

Même chose sur Facebook par le biais de son profil, dont elle change régulièrement le portrait, et via son compte e-mail. «Je corresponds notamment avec la fille expatriée en Australie d’une pensionnaire âgée de plus de 90 ans. J’imprime ses e-mails et ses photos pour les lui montrer et donne en retour des nouvelles à sa fille.» Pour faire passer le temps, elle joue à «Candy Crush», tient son journal intime, regarde des vidéos sur YouTube, voyage avec Google Earth et lit «Le Matin» avant de s’endormir. «Je vais aussi sur Wikipédia. Dernièrement, j’ai trouvé des informations sur une œuvre de Mozart pour mon voisin de table», raconte-t-elle.

Juste à côté de sa chambre, un autre pro du Web: Frédéric Rubattel, 71 ans, électricien de formation. Fan de modélisme de train électrique, il a créé plusieurs blogs pour présenter l’impressionnante maquette d’un train à vapeur dans un paysage alpin bucolique sur laquelle il travaille depuis trente ans, et pour échanger avec d’autres passionnés. «Mais je ne me mets pas en avant sur les réseaux sociaux. Avec toutes ces histoires de piratage et de surveillance de la NSA…» se méfie ce barbu grisonnant qui a emménagé avec sa maquette à l’EMS il y a un an en raison de graves rhumatismes à la cheville.

Formidable outil

Les autres résidents qui ne maîtrisent pas l’informatique profitent indirectement du Web. «Internet est un formidable outil lorsque l’EMS est le médiateur, résume Magali Wolfensberger, animatrice responsable. C’est facile de mettre un pensionnaire devant un écran Skype en lui disant que son enfant à New York aimerait lui parler à travers l’ordinateur, devant un site consacré à un sujet qui l’intéresse ou d’imprimer les e-mails et photos que ses proches envoient. Mais stimuler l’apprentissage est beaucoup plus complexe.»
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«La demande va augmenter avec les seniors internautes»

Jean-Louis Zufferey Secrétaire général de la Fédération patronale des EMS vaudois et de l’Association romande et tessinoise des directeurs d’EMS.

Internet progresse-t-il dans les EMS?

Sur la base de mes échanges avec les directeurs romands, je confirme que c’est un sujet qui est de plus en plus discuté. L’offre existe, mais la demande est encore relativement faible. La majorité des résidents reste plus intéressée par d’autres activités davantage en lien avec leur histoire de vie comme la cuisine, la lecture, les sorties ou encore le thé dansant. Il existe cependant des demandes ponctuelles pour des contacts avec des membres de leur famille vivant à l’étranger, par exemple, via Skype ou Facetime.

Confirmez-vous que toujours plus de lieux se connectent au wi-fi?

Oui. Surtout les nouveaux établissements ou ceux qui profitent d’une rénovation. Un coin est souvent dédié à un ordinateur collectif, en plus de l’accessibilité possible depuis les chambres. Le premier objectif du wi-fi reste néanmoins la gestion des EMS, avec le dossier électronique du résident, les bornes d’information ou encore les systèmes anti-errance dans les établissements de psychogériatrie.

Comment anticipez-vous l’évolution de la demande?

Elle va bien sûr augmenter dans les prochaines années avec l’arrivée des seniors internautes. Nous ne pourrons sans doute pas offrir des prestations wi-fi semblables à celles de l’hôtellerie, notamment dans toutes les chambres, car elles nécessiteraient des investissements très onéreux. La stratégie envisagée consiste donc le plus souvent, pour l’heure, à apporter des réponses individuelles au cas par cas.
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Une version de cet article est parue dans le quotidien Le Matin.