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La loi retorse du plus grand nombre

L’affaire Giroud en bande dessinée ou l’UDC qui travaille à booster l’immigration: à trop vouloir plaire et complaire, on finit par se mordre la queue.

On ne peut pas penser à tout. Il existe même des proverbes bateau pour vous le rappeler, qui parlent d’enfer, de pavés, et de bonnes intentions. Prenez l’initiative de l’UDC contre l’immigration de masse. Déjà, on peut discuter dans ce cas de l’existence de bonnes intentions. Quand, en plus, des motivations comme l’électoralisme pur et simple et les lunettes crasses d’une idéologie sclérosée s’en mêlent, les chances sont fortes de ne pas voir plus loin que le bout de son nez. Et d’arriver piteusement au résultat exactement inverse de celui souhaité.

A l’occasion de la publication par le Conseil fédéral du plan d’application de la fameuse initiative, qui devrait entrer en vigueur le 9 février 2017, Étienne Piguet, géographe de l’université de Neuchâtel spécialisé dans la circulation des personnes, mentionne ainsi dans une tribune publiée par Le Temps, l’amusant et possible effet secondaire suivant: «une croissance de l’immigration nette».

Pour au moins trois raisons. Il est d’abord plutôt probable que l’écart de prospérité entre la Suisse et les pays du sud de l’UE continue de se creuser. Ensuite, les entreprises risquent bien de recruter à tour de bras par anticipation avant la date butoir. Enfin, ceux qui songeaient au retour y réfléchiront à deux fois, «selon une logique maintes fois observée: plus une politique d’immigration est restrictive, plus les migrants hésitent à repartir».

Bref les Don Quichotte de l’UDC s’énervent à combattre un phénomène qu’ils auront contribué à accélérer, à force de mettre de l’huile dans les moulins à vents et de vouloir complaire à un électorat avide de raccourcis.

Les raccourcis, certes, il n’y a pas que l’UDC qui aime ça, pas que la politique qui y succombe. La perspective de toucher le plus grand nombre est capable de rendre fou n’importe qui. Tiens, au hasard: les médias. Et plus au hasard encore, un hebdomadaire d’ici honorablement connu, célèbre pour ses couvertures un tantinet obsessionnelles — quand ce n’est pas «Rodgeur», attendez-vous à ce que ce soit Darius — et qui s’est mis en tête de vouloir expliquer la tentaculaire affaire Giroud aux nuls, c’est-à-dire vous et moi. En se disant sans doute que nous étions si nuls que le seul moyen de faire entrer les méandres de cette saga pinardo-espiono-valaisanne dans nos petites têtes, c’était de recourir à la bande dessinée.

A quand un jeu vidéo vendu avec Le Temps pour mieux nous initier aux dessous du conflit chiites-sunnites? Les bilatérales détaillées aux demeurés que nous sommes sous la forme d’une série TV livrée dans un DVD avec L’Hebdo? Une porte a été ouverte, gageons que d’autres le seront. Seul bémol à tant de sollicitude: postuler que le plus grand nombre — électeurs ou acheteurs — ne comprend rien à rien, c’est postuler que la démocratie ne sert à pas grand-chose. Que la main invisible du marché est celle d’un pickpocket.

Soyons justes. Les bonnes nouvelles d’autre part abondent. Personne n’a manqué cette dépêche de l’ATS apportant la preuve de l’improuvable, presque aussi fort que l’existence d’une intelligence extra-terrestre: les fonctionnaires de l’administration fiscale fédérale ont de l’imagination et pas qu’un peu. Il fallait quand même être fortiche de chez costaud pour imaginer de taxer une boite de nuit thurgovienne sans quittances sur la base du nombre de capotes et de coupes de champagne vendues, selon une savante équation débouchant sur un nombre
X et supposé de passes.

Un pays doté d’une administration fiscale aussi retorse et pugnace n’a que peu de souci à se faire pour l’état de ses finances publiques. Un peu plus néanmoins sur l’intensité de sa vie nocturne.