GLOCAL

Plein soleil

L’été politique, c’est bien connu, est propice aux mauvais coups de chaleur. La preuve par les gens du voyage et les requérants récalcitrants. Quant à la vignette…

Cela ne s’arrête jamais. Au risque de coups de chaud sur les cafetières. L’été politique offre à cet égard déjà quelques beaux exemples d’insolations notoires.

Ainsi de la vieille question: Cointrin ou Kloten? Kloten ou Cointrin? Au moins une catégorie particulière de voyageurs, embarquant certes à bord de vols dits spéciaux, n’avaient jusqu’ici guère le choix: le retour à la case départ pour les requérants déboutés, c’était, dans 80% des cas, par Kloten.

Le sens de la justice, de l’équilibre, du compromis et de la saine répartition des emmerdements sont des valeurs avec lesquelles on ne plaisante pas chez nous: la balance entre nos deux principaux aéroports devrait être bientôt ajustée. Cointrin va procéder à 10% de renvois supplémentaires pour décharger Kloten. Car expulser, renvoyer, surtout en classe spéciale, cela non seulement salit les mains, mais coûte très cher.

La solidarité cantonale est donc une fois de plus actionnée. C’est très émouvant. Pierre Maudet se dit d’ailleurs «ravi». D’autant plus — tout effort méritant récompense, autre principe avec lequel on ne saurait transiger sous nos latitudes — qu’en échange Genève pourra accueillir moins de requérants que jusqu’ici.

Un art du troc qui force l’admiration et une manière horlogère de faire de la politique. Tout en fine mécanique de précision, les yeux sur la ligne du budget et loin de ces grands principes austères qui vous pourrissent vite une honnête vie de politicien.

Tant pis en tout cas pour la Commission nationale de prévention de la torture (CNPT) qui vient de dénoncer une fois encore les conditions plus que discutables de ces fameux vols dits spéciaux, donnant les exemples — extrêmes — de requérants entravés dans des fauteuils roulants.

Le soleil, en cette saison, tape aussi habituellement fort en Valais, ce n’est un secret pour personne. Ainsi les deux ex mortels ennemis — les joyeux saviésans Freysinger et Varone — respectivement désormais chef du département de la sécurité et chef de la police cantonale, ont de concert accouché d’une faramineuse idée, pour régler les désagréments montés sur roulottes que sont forcément «les gens du voyage».

Une astuce à faire pâlir d’envie les Valls, Estrosi et autres matamores: se payer sur la bête. En gros: saisir les véhicules des Roms pour couvrir les frais d’interventions de la police en cas d’occupation d’un terrain et éventuellement indemniser le propriétaire du dit terrain. Là aussi de la politique tout en dentelle. Qui là non plus ne résout rien du problème de fond. Mais les Roms, comme les requérants récalcitrants, c’est bien connu, sont des gens tout à fait impossibles. Incapables de se comporter en citoyens honnêtes, libres et responsables, comme vous et moi.

Gros coup de chaleur aussi à l’UDC — où les thermomètres il est vrai menacent d’imploser en toute saison. Les blochériens se lancent à nouveau dans un combat qui comme souvent flatte la fibre du café du commerce, et dans ce cas-là, celle aussi du Lavomatic du coin: le référendum contre la vignette à 100 francs.

Oh, la belle cause que voilà. 100 francs par année — soit, si l’on calcule bien, 25 centimes par jour pour emprunter nos rutilantes autoroutes. Le prix d’un carambar et quart. Intolérable. C’est sa majesté l’automobiliste, roi du monde, qu’on assassine, en le délestant de force de ses dernières pièces jaunes. Qu’importe si cela fait 20 ans que le sésame autoroutier n’a pas augmenté.

Certains pourtant sous la canicule savent garder la tête à l’ombre. Yvan Perrin par exemple, certes aux affaires et donc soudain sensible à la réalité des deniers publics, soutient la vignette à 100 francs. «Au nom du pragmatisme» et en soutien au principe de mobilité, une mobilité encore largement sous-financée.

L’ex-inspecteur Perrin en symbole et rempart de la mesure et du sang froid: c’est sûr l’été continuera d’être chaud.